Le projet Autonomie et diffusion de l’information sur Internet (ADI), est un projet de partenariat entre l’Université de Montréal et le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF) qui a pour objet l’appropriation des technologies de l’information et de la communication (TIC) par les groupes de femmes afin que ces derniers soient présents sur l’autoroute de l’information et y diffusent de l’information. Les lignes qui suivent rendent compte de ce projet qui s’est déroulé entre 1999 et 2001. Le texte ouvre sur une présentation du CDEACF et sur la problématique relative aux TIC en poursuivant avec une description du projet ADI pour terminer par une mise en perspective. Le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF) est né en 1983 de la fusion du centre de documentation de l’Institut canadien d’éducation des adultes (ICEA) et de celui de Relais-femmes. Ces deux organismes sont eux-mêmes issus de la volonté de groupes populaires, communautaires, syndicaux et universitaires. Les centres de documentation ont toujours été essentiels pour le travail de militance ou le travail communautaire mais les groupes de terrain ont de la difficulté à en assumer la gestion dès lors que la documentation devient volumineuse, d’où l’importance du CDEACF. Le CDEACF est géré par un conseil d’administration constitué de représentantes et de représentants des groupes membres, dont statutairement deux membres viennent des organismes fondateurs, soit l’ICEA et Relais-femmes. Le CDEACF a pour mandat la collecte, l’organisation, l’animation et la diffusion de l’information documentaire sur l’éducation des adultes — incluant l’alphabétisation, l’éducation populaire et l’action communautaire — et sur la condition féminine. Il a aussi pour mandat de former les groupes dans la gestion documentaire et de participer aux réseaux nationaux et internationaux travaillant dans des champs similaires ou complémentaires par rapport aux siens. Or, la collecte et la diffusion de l’information ne peuvent se faire de nos jours sans recourir aux TIC. Ces dernières ont modifié le rôle et les modes de fonctionnement des centres de documentation. Puisqu’il est au coeur de l’information, le CDEACF a vite constaté que les groupes membres, plus précisément les groupes de femmes, n’étaient pas présents dans le réseau des réseaux ni ne savaient aller chercher l’information dont ils avaient besoin. De fait, dès 1988, une étude effectuée par Relais-femmes sur le réseau télématique révélait que 60 % des 114 groupes interviewés considéraient que l’outil était pertinent et méritait que les groupes investissent dans son intégration. Six ans plus tard, en 1994, une autre étude menée en milieu communautaire confirmait les données en insistant désormais sur le fait que les groupes avaient besoin de cet outil : c’est une question d’efficacité et d’influence dans le champ social et politique. L’importance des technologies n’est plus à démontrer ; elles sont devenues des outils de démocratisation et un vecteur du développement (BTA 1998 ; Communautique 2000a et 2000b). C’est ainsi que les groupes membres du conseil d’administration ont mandaté le CDEACF pour qu’il remédie à la situation et orchestre pour les groupes de femmes une stratégie en vue de les inscrire dans le réseau mondial virtuel. Depuis, plusieurs projets ont pris forme et ont été réalisés pour sensibiliser les groupes et les aider à s’équiper et à se former. En 1996, le projet Les groupes internautes (Solar et Ndejuru 2000) naissait et l’idée d’un cyberféminisme québécois prenait forme (Stanton 1996). Suivront le projet Internet au féminin (1997-1999), Volnet (1999-2001) et le projet ADI (1999-2001), dont il est question dans le présent texte. L’idée du cyberféminisme est non seulement de donner accès aux groupes de femmes à l’information disponible sur …
Appendices
Références
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