Abstracts
Résumé
Cet article analyse le langage et le personnage de l’Africain Noir dans le théâtre portugais du XVIe siècle, en particulier dans les pièces ou autos de Gil Vicente et d’António Ribeiro Chiado, ainsi que celles d’autres auteurs moins connus et quelques intermèdes espagnols. On accompagne l’évolution du stéreotype du Noir considéré incapable de parler correctement les langues ibériques, depuis sa première apparition littéraire, dans le Cancioneiro Geral de Garcia de Resende. La première partie de cet article, plus méthodologique, met en cause la possibilité d’utiliser le langage attribué aux Noirs pour reconstituer une langue orale effectivement parlée, l’intention de dénigrement étant constitutive de ce discours. Ensuite, en parcourant les différentes pièces, on propose la notion d’un langage presque phénotypique, qui « colle à la peau » des Noirs et les désigne même lorsqu’ils ne sont pas sur scène. De manière moins rigide que le stéréotype, cette « seconde peau », qui est la langue, devient un instrument de dénigrement en soi, y compris de certains personnages blancs.