Abstracts
Résumé
Les nombreux bouleversements de la culture politique des Tudors durant les années 1530 ont transformé les pratiques d'emprisonnement en Angleterre. Le développement rapide des lois sur la trahison par Henri VIII, joint à son désir de censurer et de contrôler son élite politique par des condamnations de nullité de droits civils (act of attainder), a envoyé un grand nombre de membres de la noblesse — hommes et femmes — dans les prisons de l’État anglais. Cet article se penche sur les cas de deux prisonniers nobles, Sir Thomas Howard et Lady Margaret Douglas, qui ont été incarcérés à la tour de Londres suite à leur mariage secret en 1536 et considéré comme politiquement indésirable. Pendant leur captivité, Thomas et Margaret ont composé et échangé plusieurs poèmes lyriques, maintenant conservés dans le manuscrit nommé le Devonshire Manuscript (British Library Additional Manuscript 17492). On montre dans cet article que, dans leur présentation matérielle, ces poèmes offrent un témoignage concret de la remarquable vie sociale présente dans la prison Tudor, et dans laquelle des hommes et des femmes interagissaient verbalement autant que par écrit. Le contenu de ces poèmes, ainsi que leur style, nous transmettent l’expression de leur amour, mais aussi des commentaires tranchants sur les pratiques carcérales innovantes d’Henri VIII.