Au-delà de la politique, les stratégies d’attraction et de rétention des travailleurs immigrants dans les régions : les efforts coordonnés d’accueil des communautés[Record]

  • Sylvie Gravel,
  • Marie-France Dupuis and
  • Sacha Robidoux-Bolduc

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  • Sylvie Gravel, Ph.D.
    Professeure associée, Département organisation et ressources humaines, École des sciences de la gestion (ESG), Université du Québec à Montréal (UQM)

  • Marie-France Dupuis, Msc
    Conseillère ressources humaines, OLYMEL S.E.C./L.P.

  • Sacha Robidoux-Bolduc, Msc
    Conseillère ressources humaines, Amika – Aide et soins à domicile

Depuis des décennies, la politique de régionalisation de l’immigration au Québec n’atteint pas ses objectifs. Les immigrants se concentrent toujours dans les grands centres urbains, accusant des taux de chômage élevés, alors que les régions vivent une pénurie croissante de main-d’oeuvre. Le but de la présente recherche était d’identifier les stratégies adoptées par les acteurs dans les régions du Québec pour attirer et retenir des travailleurs immigrants. Cette étude s’inscrit dans le cadre d’un projet d’arrimage entre les employeurs en quête de main-d’oeuvre et des travailleurs immigrants en recherche d’emploi, mené par la Fédération des chambres de commerce du Québec. Des entretiens semi-dirigés ont été menés auprès d’employeurs, d’agents de développement économique régional et de travailleurs immigrants ayant participé au projet. Les acteurs s’entendent sur l’ensemble et la complémentarité des stratégies d’attraction et de rétention à déployer, mais personne ne souhaite désigner un coordonnateur de ce plan stratégique. Si nous voulons rendre efficiente cette politique, il faudra repenser la régionalisation de l’immigration en fonction des besoins des entreprises et de la reconnaissance des compétences des travailleurs immigrants trop souvent surqualifiés pour les postes à combler. Ceci implique de mettre en place des services pour optimiser les démarches de recrutement. Depuis trois décennies, le nombre de personnes immigrantes qui s’établissent au Canada augmente constamment, et tout particulièrement en milieu urbain. Dans la province, le gouvernement du Québec estime un total de 53 084 personnes immigrantes admises en 2016 et prévoyait environ 54 500 immigrants pour l’année 2019 (MIDI, 2018). Toutefois, seulement 22, 8% s’établissent hors de la Métropole (Le Goff, 2004; Statistique Canada, 2016). Dès les années 90, le gouvernement du Québec a établi une politique de régionalisation de l’immigration. Les objectifs étaient de renouveler la population des communautés rurales et répondre aux besoins de main-d’oeuvre des régions. La stratégie était de rendre ces emplois plus attrayants aux yeux de la population immigrante afin que celle-ci se répartisse de manière plus équilibrée sur le territoire (Le Goff, 2004; ministère des Affaires internationales, 1994). Les mesures proposées pour assurer le succès de cette politique comportaient trois volets (Simard, 1996). Le premier se rapportait à la planification des interventions de l’État ainsi que la concertation avec les divers organismes intéressés. Le second visait à promouvoir les régions et sensibiliser davantage les immigrants, la population d’accueil et les conseillers à l’immigration sur la politique. Finalement, le troisième volet se rapportait au développement de services d’accueil et d’insertion socioéconomique pour les immigrants des régions du Québec tel que la mise sur pied de services d’aide à la recherche d’emploi et l’apprentissage du français (Simard, 1996). Or, trente ans plus tard, la stratégie de régionalisation de l’immigration n’a pas rapporté les effets escomptés, car les régions sont toujours en déficit de main-d’oeuvre. En janvier 2017, seulement 22,8 % de la population immigrante habitait hors de la métropole (gouvernement du Québec, 2017). Pour la même période, plus de 60 000 immigrants étaient sans emploi, et ce, malgré la pénurie de main-d’oeuvre alarmante à laquelle font face les régions du Québec (Homsy, 2018). En 2019, la politique de régionalisation de l’immigration se retrouvait encore au coeur des priorités de l’État, le gouvernement misait sur l’intégration des immigrants pour répondre aux changements sociodémographiques et maintenir la prospérité de la province (Lavallée, 2020; MIDI, 2019). Des études ont démontré que pour attirer et retenir des travailleurs immigrants dans les régions du Québec, il faut valoriser le capital physique, social, humain et d’ouverture d’une région en déployant des moyens pour inciter les immigrants à les considérer comme des lieux de vie. Certaines études se sont intéressées aux infrastructures régionales, au dynamisme …

Appendices