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Maltais, D. et Cherblanc, J. (dir.). (2020). Quand le deuil se complique : variété des manifestations et modes de gestion des complications du deuil. Presses de l’Université du Québec. 256 pages[Record]

  • Danica Frappier

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  • Danica Frappier
    Étudiante à la maitrise en service social, Université Laurentienne

Le décès d’une personne chère, la perte de biens matériels et une perte intangible comme la perte d’autonomie peuvent tous susciter des manifestations du deuil. Le deuil, une réponse normale à la suite d’une perte, se manifeste sous forme de « perturbations du fonctionnement cognitif, émotionnel, physique, social […] et spirituel (crise de sens) » (p. 3). Il est attendu qu’un deuil normal soit culturellement adapté et ne dure que quelques mois après la perte. Toutefois, dans leur livre Quand le deuil se complique : Variétés des manifestations et modes de gestion des complications du deuil, Jacques Cherblanc et Danielle Maltais regroupent différentes études portant sur les diverses circonstances dans lesquelles le deuil devient compliqué et prolongé. Les objectifs de l’ouvrage sont de favoriser une prise de conscience des différentes manifestations et conséquences du deuil compliqué et prolongé pour mieux comprendre la souffrance des personnes qui les vivent, ainsi que sensibiliser différents professionnels afin qu’ils soient en mesure de développer des interventions adaptées aux besoins des gens endeuillés. L’introduction du livre sert à préciser et comparer les différentes formes du deuil, soit le deuil normal, le deuil traumatique, le deuil compliqué, le trouble du deuil prolongé (diagnostic inclus dans la 11eClassification internationale des maladies), et le trouble du deuil complexe et persistant (diagnostic inclus dans la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). L’ouvrage collectif est ensuite divisé en trois parties et neuf chapitres. Ce résumé vise à faire un survol des chapitres de cet ouvrage en soulignant les différentes complications du deuil qui peuvent surgir à la suite d’évènements tragiques sur le plan individuel ou collectif. Pour conclure, une réflexion critique des limites du livre et ses apports pour le champ de l’intervention sociale seront présentés. Dans ce premier chapitre, Maltais, Cherblanc, M. Fortin et Pouliot présentent les résultats d’une recension des écrits identifiant différents facteurs de risque quant au développement de complications liées au deuil chez les personnes ayant été exposées à une catastrophe, par exemple, un tremblement de terre, une inondation ou un attentat. Une analyse des 39 articles recensés a fait émerger quatre catégories de facteurs contribuant au risque de développer un deuil compliqué à la suite d’une catastrophe : les facteurs d’ordre sociodémographique (ex. être une femme, avoir 60 ans et plus), les facteurs associés à la santé mentale (ex. antécédents de trouble d’humeur, problème de sommeil), les facteurs associés aux liens avec la personne décédée (ex. lien affectif étroit avec le défunt), et les facteurs associés au contexte de la perte (ex. mort violente et inattendue). De même, les auteur(e)s ont pu identifier trois catégories de facteurs de protection contre les complications du deuil : les facteurs d’ordre personnel (ex. donner un sens à la perte), les facteurs d’ordre social (ex. avoir accès à du soutien en santé mentale), et les facteurs d’ordre contextuel (ex. visiter l’endroit où la catastrophe a eu lieu). À la lumière de ces ensembles de facteurs de risque et de protection, il est possible de faire un triage après une catastrophe pour assurer que les individus les plus vulnérables au deuil compliqué reçoivent du soutien en premier. Les chapitres 2, 3 et 4 sont issus des résultats provenant de deux études mixtes. Ces études ont été réalisées trois ans après l’accident ferroviaire à Lac-Mégantic ayant eu lieu le 6 juillet 2013. Au deuxième chapitre, Maltais, Cherblanc, Pouliot, G. Fortin, M. Fortin, Généreux, Roy et Bergeron-Leclerc examinent l’état de santé physique et psychologique de 268 adultes ayant déclaré avoir perdu un proche durant l’accident ferroviaire à Lac-Mégantic. Plus particulièrement, les participantes …