Des pratiques à notre image

Une approche féministe et politique de l’évaluation axée sur l’apprentissage[Record]

  • Katrina Cyr,
  • Arsène François and
  • Denis Lawson

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  • Katrina Cyr
    Chargée de suivi-évaluation-apprentissage-redevabilité, Oxfam-Québec

  • Arsène François
    Chargé de suivi-évaluation-apprentissage-redevabilité, Oxfam-Québec

  • Denis Lawson
    Chargé de suivi-évaluation-apprentissage-redevabilité, Oxfam-Québec

Les organisations de coopération internationale mènent des processus de suivi, d’évaluation, d’apprentissage et de redevabilité (SEAR) afin de mesurer la pertinence, l’efficacité, l’efficience, la durabilité et l’impact de leurs programmes. Les données recueillies permettent de documenter les processus, de guider la planification stratégique, mais aussi de tirer les leçons des stratégies et des approches ayant plus ou moins bien fonctionné. Il s’agit d’un exercice de reddition de compte envers les bailleurs de fonds, mais aussi, et surtout, de redevabilité communautaire. Depuis plusieurs années, en parallèle avec le développement d’une approche féministe de la coopération internationale, des efforts importants ont été réalisés pour intégrer le genre dans le SEAR afin de mesurer les progrès atteints dans l’effectivité des droits des femmes et de l’égalité des genres (AQOCI, 2019). Cependant, les outils standardisés de la gestion axée sur les résultats (GAR) limitent l’adoption d’une véritable approche féministe au SEAR. En effet, ces outils ont peu de souplesse pour s’adapter aux contextes d’intervention variables et socialement hétérogènes, ou pour suivre des changements souvent complexes et nuancés, par exemple en matière de relations de pouvoir et d’évolution du tissu social (AQOCI, 2019). Par ailleurs, l’intégration du genre dans le SEAR ne suffit pas à répondre aux exigences des organisations comme Oxfam-Québec, qui placent les principes féministes au coeur de l’ensemble de leurs actions, dont l’engagement à s’assurer de la participation des femmes aux décisions, de contester et transformer les systèmes de pouvoir, et de s’attaquer aux causes profondes des inégalités. L’approche féministe de SEAR (Oxfam-Québec, 2021) présentée ici et illustrée à travers l’exemple du Núcleo Impulsor de Actúa.pe au Pérou vise donc à dépasser la simple intégration du genre dans les systèmes de SEAR. Elle vise à renforcer les pratiques sensibles et réceptives au genre, tout en approfondissant la participation et l’inclusion vers un changement transformateur sur le genre. Ainsi, le système de SEAR dans son ensemble (planification, collecte et analyse de données, apprentissage et rétroaction) doit intégrer une analyse du pouvoir, renforcer la participation des femmes et des diversités (sexuelles et de genre, ethniques, etc.) aux décisions, et contribuer à un processus transformateur des relations de genres. Cette approche n’est pas une méthodologie ou un ensemble d’instructions spécifiques, mais plutôt une façon de repenser le SEAR en façonnant son processus en cocréation/codéveloppement et en intégrant la justice de genre et des droits des femmes dans sa mise en oeuvre. Nous explorons ici la trajectoire d’une approche de SEAR féministe, en termes d’attitudes, de connaissances, de processus, de plateformes et d’espaces dans les projets et programmes. Oxfam-Québec est une organisation de coopération internationale qui s’est fixé comme objectif de placer les principes féministes, la justice de genre et les droits des femmes au premier plan de toutes ses actions. Cela comprend les activités de SEAR et signifie que nos actions comme personnes évaluatrices peuvent et doivent contribuer à un changement social transformateur en soutenant l’autonomisation et en améliorant le pouvoir d’agir des personnes concernées par nos processus de SEAR, en particulier les femmes. Pour répondre à cette ambition, une approche féministe du SEAR a été codéveloppée par un groupe de travail représentant des membres de différents contextes régionaux d’intervention d’Oxfam-Québec, entre août 2020 et avril 2021, dans le cadre du lancement d’un nouveau programme de coopération volontaire (Égalité en action 2020-2027) mis en oeuvre dans 11 pays en Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina Faso, Ghana et Sénégal), en Amérique latine et Caraïbes (Bolivie, El Salvador, Haïti, Honduras et Pérou) et au Moyen-Orient (Jordanie et Palestine). Cette approche étant, par sa nature, évolutive, nous présentons ici une expérience continue qui s’enrichira de son processus de socialisation …

Appendices