Lu pour vous

Lewey, L., Richard, L. et Turner, L.M. (2019). Le Nouveau-Brunswick avant le programme d’égalité. L’histoire sous l’angle du travail social. Presses de l’Université Laval. 296 pages[Record]

  • Mario Paris

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  • Mario Paris, Ph.D.
    Professeur adjoint, École de travail social, Université de Moncton

La formation en travail social nécessite de construire une identité professionnelle chez les futurs intervenantes et intervenants. Cette identité passe, entre autres choses, par l’enseignement de l’histoire de la profession. Trop souvent, pour le travail social francophone au Canada, les ouvrages traitent en grande partie de l’histoire du Québec. Nous accueillons alors chaleureusement la publication d’un ouvrage sur l’histoire du travail social au Nouveau-Brunswick, intitulé Le Nouveau-Brunswick avant le programme d’égalité. L’histoire sous l’angle du travail social. Cet ouvrage de Laurel Lewey, Louis J. Richard et Linda M. Turner, publié aux Presses de l’Université Laval, constitue une traduction de New Brunswick before the Equal Opportunity Program: History through a Social Work Lens, publié chez University of Toronto Press en 2018. Il met en relief les origines du travail social au Nouveau-Brunswick, de la période coloniale aux réformes étatiques du programme Chances égales pour tous, dans les années 1960. Ce vaste portrait historique, s’étalant sur quatre siècles, provient d’efforts cumulés des auteurs et auteures au courant de la dernière décennie, tant par la recherche minutieuse d’archives que par l’enquête (par entrevues et sondages) auprès des premiers travailleurs sociaux et travailleuses sociales de la province. L’ouvrage se divise en 11 chapitres, incluant l’introduction et la conclusion, et offre deux annexes en complément (l’un est une brève histoire de l’Association des travailleuses et des travailleurs sociaux du Nouveau-Brunswick, l’autre présente une longue biographie des premières travailleuses sociales et des premiers travailleurs sociaux dans la province). Tout au long de leur ouvrage, les auteurs et l’auteure situent le développement du travail social dans une histoire du Nouveau-Brunswick « […] jalonnée de privatisations et d’épreuves pour des collectivités entières et des individus affligés par le malheur » (p. 7). Le chapitre 2 est une introduction de l’histoire des peuples du Nouveau-Brunswick, en particulier les peuples autochtones (Mi’kmaq et Maliécites), les Acadiens et Acadiennes, les loyalistes de la Couronne britannique, de même que plusieurs groupes culturels et ethniques (Irlandais, Écossais, Danois, Juifs, etc.). Les auteurs et l’auteure survolent l’origine de ces groupes durant la période coloniale, tout en montrant comment ils ont façonné l’histoire du Nouveau-Brunswick. Le chapitre 3 dresse un portrait des contextes économiques et politiques du Nouveau-Brunswick tout au long de son histoire. Les auteurs et l’auteure présentent les « piliers » de l’économie de la province, soit l’agriculture, la foresterie, la pêche et l’exploitation minière. Ils traitent aussi des considérations politiques, et ce, en lien avec le pouvoir : les rapports culturels des Acadiens et Acadiennes et des loyalistes, les clans industriels des Irving et des McCain, de même que les balbutiements de certains mouvements, dont la Fédération du Commonwealth coopératif. Cependant, le chapitre renforce la généralisation que l’économie de la province repose majoritairement sur un secteur primaire assujettie aux intérêts industriels particuliers. Le chapitre 4 est le premier chapitre à aborder directement l’histoire du travail social au Nouveau-Brunswick. À travers ce chapitre, les auteurs et l’auteure explorent les lois sur les pauvres dans la province, du début de la période coloniale jusqu’au milieu du 20e siècle avec la modernisation de l’État providence. Dans une première partie, il est question des incontournables lois des pauvres (dites Poor laws), puisque cette législation a modelé la vie des personnes les plus indigentes du Nouveau-Brunswick jusque dans les années 1960, étant ainsi la dernière province des Maritimes à moderniser son effort social. Les auteurs et l’auteure expliquent bien les différentes modalités sous-jacentes aux lois des pauvres (pères des pauvres, asiles d’indigents, encan et traite des pauvres) et ils soulèvent les principales critiques de l’époque envers ces lois injustes qui visaient à contraindre …

Appendices