Des pratiques à notre image

C’est fou la vie, pourquoi en faire une maladie?Genèse et perspectives d’avenir du Mouvement Jeunes et santé mentale[Record]

  • Gorette Linhares ,
  • Tristan Ouimet-Savard and
  • Anne-Marie Boucher

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  • Gorette Linhares
    Agente de communication, Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ)

  • Tristan Ouimet-Savard
    Coordonnateur des dossiers politiques, Regroupement des Auberges du coeur du Québec (RACQ)

  • Anne-Marie Boucher
    Responsable aux communications et à l’action sociopolitique, Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ)

La parole collective des jeunes de 12 à 30 ans forme le coeur du Mouvement Jeunes et santé mentale. Dans le cadre d’une vaste consultation, des jeunes ont été invités à partager leurs observations, expériences, questionnements et pistes de solution à l’égard de la hausse des diagnostics psychiatriques, de l’usage des médicaments psychotropes et de l’accès aux services. Il en ressort des constats éloquents, une parole forte qui a été relayée notamment par l’entremise d’un théâtre-forum. Les résultats de la consultation ont été confortés et bonifiés lors de divers exercices citoyens puis canalisés par l’entremise d’une déclaration commune comprenant quatre revendications politiques. À ce jour, plus de 1700 appuis d’organismes et d’individus ont été recueillis visant un meilleur accès à la psychothérapie, le respect des droits, la participation égalitaire ainsi que la tenue d’une commission parlementaire. Genèse et perspectives d’avenir de ce jeune Mouvement de lutte contre la médicalisation des problèmes sociaux des jeunes, par et pour eux, avec des personnes et organismes alliés. En 2009, la Commission de l’éthique en science et en technologie (CEST) s’interroge sur la hausse continue des diagnostics et des ordonnances concernant des problèmes de santé mentale, dont la dépression et les troubles d’attention, alors que « les connaissances sur le fonctionnement du cerveau sont encore limitées, et les conséquences à moyen et long terme de l’utilisation de neuromédicaments demeurent, à quelques exceptions près, inconnues » (Commission de l’éthique de la science et de la technologie, 2009, p. xiv). En 2012, la CEST, l’Association des centres jeunesse du Québec, le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) et le Regroupement des Auberges du coeur du Québec (RACQ) tiennent un colloque visant à susciter un regard éthique et critique sur les pratiques professionnelles et le recours aux médicaments psychotropes dans la trajectoire de vie des jeunes. Les participantes et participants s’interrogent sur la rapidité à laquelle l’usage des psychotropes s’étend chez les moins de 30 ans ainsi que sur son impact sur les jeunes et leur entourage. Par la suite, une enquête interne menée par le RACQ confirme l’urgence d’agir : en l’espace de dix ans, les problèmes de santé mentale chez les personnes résidantes dans une Auberge du coeur ont augmenté de 176 %, alors que 40 à 70 % des personnes résidantes prennent de la médication liée à un diagnostic en santé mentale (Regroupement des Auberges du coeur du Québec, 2015). Soutenu par la Fondation Béati, le RACQ, le RRASMQ et l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) — les organismes qui créeront en 2016 le Mouvement Jeunes et santé mentale —, amorcent alors une importante collecte de données qualitatives. Un total de 160 jeunes et de 150 personnes intervenantes, issues de 50 organismes répartis dans 12 régions, sont rejoints, la plupart par l’entremise d’un questionnaire portant sur les diagnostics en santé mentale, la médication psychotrope, l’accès aux services ainsi que sur les différentes visions et approches en santé mentale. Considérant que la construction d’une parole collective et la mobilisation des jeunes sont un défi, d’autres modes de consultation ont été greffés au questionnaire. Des ateliers d’éducation populaire sur la santé mentale des jeunes, ainsi qu’un sondage sur les besoins en formation des personnes intervenantes dans le milieu communautaire des Auberges du coeur et de ses alliés, ont été tenus un peu partout au Québec. S’est ajoutée une courte tournée de consultation orchestrée par la troupe de théâtre Mise au jeu qui, à travers des interventions artistiques participatives, a révélé de manière probante les expériences des jeunes. Leur parole a aussi été recueillie à …

Appendices