Lu pour vous

KLEIN, Naomi (2015). Tout peut changer : capitalisme et changement climatique, Montréal, collection futur proche, LUX Éditeur, 632 p.[Record]

  • Valérie Fortier

…more information

  • Valérie Fortier, B. Sc. Soc.
    Étudiante à la maîtrise, École de service social, Université d’Ottawa

Dans l’écriture de son quatrième livre, la journaliste canadienne Naomi Klein oriente son analyse de la problématique des changements climatiques vers l’impact du système économique capitaliste sur l’environnement à l’échelle mondiale. S’étant bâti une solide réputation avec son premier livre No Logo, sorti en 2000, Klein a écrit Tout peut changer : capitalisme et changement climatique, un ouvrage attendu tant par le mouvement écologiste que par celles et ceux qui s’intéressent aux changements sociaux qui émergent des mouvements militants populaires. Dans ce livre, cette auteure engagée démontre en quoi le système économique néolibéral est directement coupable du réchauffement climatique par son exploitation excessive des ressources naturelles. Elle présente également l’impact du réchauffement climatique sur les injustices sociales et économiques qui, associé à la faible intervention des États, contribue à creuser le fossé entre les populations privilégiées et les autres. Face aux initiatives infructueuses entreprises jusqu’à maintenant pour ralentir les changements climatiques, l’auteure de cet ouvrage met de l’avant que la solution ne réside pas dans des initiatives sporadiques, mais plutôt dans des changements radicaux au sein de notre économie. Tout au long du livre, elle explique que l’éloignement du système capitaliste créerait des retombées positives tant pour combattre les injustices sociales et économiques que pour s’attaquer aux changements climatiques. L’auteure présente ainsi des alternatives au système économique actuel, inspirées par les stratégies de différents mouvements sociaux et groupes qui luttent aux quatre coins de la planète pour renverser ces inégalités. Pour ce faire, l’ouvrage se décline en seize chapitres, divisés en trois parties intitulées « Deux solitudes », « La pensée magique » et « Parce qu’il faut bien commencer quelque part ». Dans la première partie « Deux solitudes », qui comprend cinq chapitres, l’auteure présente les moyens par lesquels le système capitaliste s’oppose à la lutte aux changements climatiques. Elle y dévoile d’abord les stratégies employées par des individus associés au mouvement climatosceptique, financés en grande partie par l’industrie du pétrole, du charbon et du gaz naturel. Si ces individus emploient différentes stratégies pour s’opposer aux mesures mises de l’avant par celles et ceux qui luttent contre les changements climatiques, ils utilisent une tactique commune qui consiste à lier cette lutte à une idéologie de gauche dans l’objectif d’attaquer leur crédibilité. L’auteure pense que les efforts entrepris par ces individus pour que la question des changements climatiques soit moins abordée dans les médias les aident à demeurer en position de pouvoir, leur permettant alors de poursuivre leur « quête infinie du profit » (p. 55) avec l’aide des industries polluantes, comme celles du pétrole et du gaz naturel. Klein présente ensuite l’impact néfaste sur l’environnement qu’ont eu différents accords commerciaux tels que l’ALENA ou les règles de l’Organisation mondiale du commerce. Ces derniers empêchent la mise en place d’initiatives décentralisées pour encourager l’utilisation d’énergies renouvelables et locales, car ils jugent que ces initiatives posent un frein à la concurrence. Le libre-échange et la consommation excessive de biens dans les pays plus riches mènent à d’importantes émissions de gaz à effet de serre tout en perpétuant les inégalités environnementales et économiques envers les pays en développement et les populations marginalisées. Afin de contrer ces inégalités, Klein aborde la nécessité de permettre une plus grande intervention des États afin d’offrir des services universels en réponse aux conséquences du réchauffement planétaire et de réussir à atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre. L’auteure aborde également l’importance d’en finir avec la privatisation de l’énergie afin de mener à une meilleure accessibilité pour tous. Selon elle, la responsabilité de financer une grande partie de ces initiatives devrait …