Le mouvement militant pour une université franco-ontarienne a pris un nouveau souffle et évolue depuis quatre ans. L’article porte sur la trajectoire suivie par les organismes grassroots jeunesse et étudiants qui mènent principalement le dossier. Ils ont su oser, revendiquer et mobiliser d’une manière qui s’est rarement vue en Ontario français depuis le XXIe siècle. Nous traitons des forces et des défis rencontrés en milieu communautaire minoritaire et des réponses qui leur ont été apportées. Enfin, nous dressons une appréciation qualitative des changements sociaux engendrés par cette lutte. Le dossier de la création d’une université franco-ontarienne date des années 1950. Les luttes menées au tournant des années 1980 et 1990 ont été chapeautées principalement par des membres de la communauté académique. Puis, avec l’annonce de la création des collèges de langue française dans le Nord et dans le Sud (1993) de la province, le projet de création d’une université franco-ontarienne a été mis de côté. Il est vrai qu’au début des années 2000, la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) a publié un mémoire lançant un appel au gouvernement provincial de mettre sur pied une université unilingue francophone en Ontario (Fédération de la jeunesse franco-ontarienne, 2004). Cependant, ce n’est qu’après la création du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) en 2009 que le projet reprend véritablement de l’intérêt. À l’automne 2012, lors de sa IIIe assemblée générale, le RÉFO reçoit le mandat de mener des États généraux sur le postsecondaire en Ontario français. L’organisme avait reçu une certaine attention médiatique pour avoir porté le dossier de réinstauration de la bourse d’études en français. De plus, dans la province voisine, le mouvement étudiant québécois a eu une influence considérable sur la population quand est venu le temps d’aller aux urnes. Le Québec venait tout juste de sortir de son « printemps érable », c’était la rentrée et la crise étudiante attirait encore beaucoup l’attention des médias et du gouvernement. Les jeunes, les étudiantes et les étudiants avaient un momentum à garder et ont saisi une série d’occasions de se faire entendre. Le dossier de création d’une université franco-ontarienne est donc revenu dans la sphère médiatique et politique. Ce qui était différent cette fois-ci, c’est que le mouvement était mené par et pour la jeunesse et la population étudiante (FESFO et RÉFO), avec la communauté (Assemblée de la francophonie de l’Ontario). En 2013 ont eu lieu des consultations provinciales auxquelles ont participé plus de 800 membres de l’ensemble de la communauté dans dix villes de l’Ontario. Le processus s’est terminé en 2014 par un sommet provincial. Pendant ce temps, les porte-paroles des trois organismes partenaires ont tenu des dizaines de rencontres politiques avec des ministres et des députés. Sans compter qu’il y a eu plus d’une centaine d’articles écrits et d’entrevues données, et ce, à l’échelle provinciale. À l’hiver 2015, une demande officielle a été déposée à la première ministre de l’Ontario, lui demandant de s’engager à créer cette université. À l’automne de la même année, des porte-paroles de la FESFO, du RÉFO et de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario ont rencontré une vingtaine de députés des trois partis politiques à l’Assemblée législative dans le cadre d’une campagne de sensibilisation au projet de création d’une université de langue française dans la province. Plus tard, à la mi-novembre, le projet de loi 104 « Loi constituant l’Université de l’Ontario français », déposé par le NPD, a été adopté en deuxième lecture. Finalement, le 18 février 2016 s’est tenue la Journée d’action provinciale pour une université franco-ontarienne. Dès l’automne 2012, le Regroupement a su mobiliser des étudiantes et étudiants de partout en province. …
Appendices
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