Entrevue

Militer contre le racisme anti-noir à TorontoEntrevue avec Chrys Saget Richard, Black Lives Matter Toronto[Record]

  • Patrick Ladouceur,
  • Patrick Ladouceur and
  • Martine Lanthier

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  • Entrevue réalisée par
    Patrick Ladouceur

  • Entrevue rédigée par
    Patrick Ladouceur
    Martine Lanthier

Chrys étudie en travail social à l’Université Ryerson et coordonne le collectif d’étudiantes et d’étudiants racialisés, un des six centres de services d’équité du syndicat étudiant de l’Université Ryserson. Chrys s’identifie comme personne noire, trans non binaire et queer. Chrys est impliqué au sein du mouvement Black Lives Matter Toronto et est une personne activiste qui s’intéresse à l’élimination du racisme anti-noir, à l’intersectionnalité et aux pratiques anti-oppressives en travail social.

Chrys : Je me sens davantage confortable d’utiliser le terme « activiste » plutôt que « militant » ou « militante », puisque le terme « activiste » est plus neutre, ce n’est ni féminin, ni masculin. Étant une personne trans non binaire, je trouve que m’identifier comme activiste est plus inclusif. Pour moi, l’activisme est fondamental, parce que je ne vois pas d’autres alternatives pour arriver à un changement social. L’activisme est, à mes yeux, une diversité d’individus qui se mobilisent à la fois dans la rue mais aussi dans leurs milieux pour dénoncer les injustices afin d’arriver à un changement social. L’activisme, c’est aussi la possibilité de bâtir une communauté ou de l’améliorer. C’est ce qu’on appelle en anglais building capacity. Ça veut dire la possibilité d’accroître et d’influencer son entourage pour arriver à un certain changement social. Pour cela, il faut entamer une conversation avec son entourage. Ainsi, le changement social se passe non seulement dans la rue, mais aussi dans ta propre maison, avec ta famille et tes amies et amis. J’aime toujours utiliser l’exemple de simples échanges dans une cuisine : tu peux contribuer au changement social en ayant une conversation, par exemple, avec ta tante qui habite dans ton quartier et en discutant de ce qui se passe dans ce milieu et ce qui pourrait être fait pour améliorer ce qui fonctionne moins bien. Chrys : Je suis né à Montréal et j’ai grandi à Ottawa. Je suis francophone. Je suis une personne noire d’origine haïtienne et acadienne. Je suis queer et je m’identifie comme une personne trans non binaire. Mon activisme a débuté dès mon jeune âge. Dans un contexte où j’ai habité dans des quartiers défavorisés, j’ai été à même de constater les injustices sociales qui se manifestaient partout et en tout temps. Être témoin de ces injustices a provoqué quelque chose en moi. Étant une personne à l’intersection de plusieurs identités qui sont opprimées au sein de notre société — dans mon cas : raciale, de genre et au niveau de mon statut socio-économique — je vois ça comme étant positif puisque ça motive mon activisme, mais ça peut être aussi un peu déprimant de constater toutes les injustices qui m’affectent. J’habite à Toronto depuis cinq ans et j’étudie présentement en travail social à l’Université Ryerson. Depuis mon arrivée à l’Université Ryerson, j’ai consacré une grande partie de mon temps à lutter contre le racisme anti-noir, que ce soit au sein des associations étudiantes ou dans mes cours. Pour moi, l’université, c’est beaucoup plus qu’assister à mes cours. J’avais beaucoup de difficulté à me voir étudier à l’université, car j’avais une vision négative des institutions universitaires, comme étant opprimantes en soi. Après le secondaire, il m’a fallu beaucoup de temps pour prendre la décision de m’inscrire à l’université. Une fois arrivé, je me suis vite impliqué au sein du mouvement étudiant, ce qui m’a permis de rencontrer des gens progressistes. Pour moi, faire de l’activisme, même au sein du mouvement étudiant, c’est faire du travail contre le racisme anti-noir. C’est comme ça que j’ai rencontré plusieurs des personnes qui s’impliquent dans le mouvement Black Lives Matter Toronto (BLM-TO). Grâce à mon implication pour lutter contre le racisme au sein du mouvement étudiant, j’ai eu la chance de rencontrer les membres fondateurs de BLM-TO, des activistes noirs passionnés et engagés vers le changement social et vers l’élimination du racisme anti-noir. Pour moi, c’était vraiment naturel et organique de m’intégrer à BLM-TO; c’était, comme on dit en anglais, meant to be. Chrys : Je pense qu’on devrait tous être des activistes. Dans …

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