Des pratiques à notre image

Le profilage policier : le syndrome d’une société de classe opprimante[Record]

  • Lovanie Côté and
  • David Clément

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  • Lovanie Côté
    Association pour la défense des droits sociaux de Gatineau (ADDS-Gatineau)
    Militant anticapitaliste

  • David Clément
    Association pour la défense des droits sociaux de Gatineau (ADDS-Gatineau)
    Militant anticapitaliste

L’objectif de cet article est d’amener une perspective critique de la vision dominante et institutionnelle du concept de profilage policier et de démontrer pourquoi nous considérons non seulement que cette vision est problématique d’un point de vue conceptuel, mais également qu’elle participe activement à légitimer les pratiques de profilage illégal par les corps policiers. En effet, les différents écrits universitaires et institutionnels traitant du profilage social se concentrent surtout sur l’analyse des pratiques de profilage dans un cadre légal et normatif, en tentant d’équilibrer la notion de droits fondamentaux et les principes de sécurité publique. D’une part, cette approche ne remet aucunement en question les intérêts de classe qui sont à la source des pratiques de profilage et, d’autre part, les actions mises en place pour dénoncer le profilage ne sortent pas de l’arène de l’État « de droit » et sont presque exclusivement réalisées en collaboration avec les classes capitalistes, particulièrement avec le bras armé (services de la police) qui travaille pour le maintien de ces classes. Avant de nous lancer dans le vif du sujet, nous jugeons opportun de préciser que l’analyse proposée ici n’est pas objective, et tel n’en est pas le but, car nous croyons que cette objectivité ne peut exister dans une réflexion sur une problématique qui est fondamentalement idéologique. Nous proposons une analyse qui s’appuie sur notre vision de la société comme militants anticapitalistes et prolétaires, ainsi que sur nos expériences individuelles et collectives pour abolir le capitalisme. Il importe donc d’établir, dès le départ, certains aspects fondamentaux de nos réflexions, notamment en ce qui a trait au concept de l’État de droit et à celui de la lutte des classes comme centre névralgique de la plupart de nos problématiques sociales. L’État de droit est le concept central de notre époque qui détermine si une société peut être considérée comme étant démocratique ou non. Brièvement, ce concept prévoit qu’une société se dote de lois qui définissent les balises morales à l’intérieur desquelles la population doit agir, sous peine de mesures coercitives de la part des institutions de répression de l’État. Pour obtenir le qualificatif « démocratique », ce concept doit s’appliquer universellement à l’ensemble des membres de la société ainsi qu’aux personnes morales. Ce faisant, la population qui se voit imposer par la violence le respect des lois peut s’attendre à ce que les personnes qui gouvernent respectent à la lettre l’ensemble des textes législatifs, sans jamais outrepasser les pouvoirs qui leur sont conférés par les lois. Il y a lieu d’énoncer deux choses. Nous nous opposons fermement à la relation gouvernants-gouvernés qu’impose cette vision de la société. Elle se trouve à la source même de nos critiques concernant la conception « mainstream » du profilage et les moyens d’action mis de l’avant par une majorité de groupes ou de personnes afin de lutter contre ce phénomène. De plus, nous croyons que les dernières décennies, voire les derniers siècles, ont bien démontré que l’État de droit, tel que défini ici, n’a jamais existé en pratique, alors que les classes dirigeantes et possédantes ont toujours utilisé ce concept à leur propre profit. L’analyse de classe, comme lunette d’analyse pour comprendre les oppressions et violences au sein de notre société, s’oppose ultimement à l’idée que l’État doit prétendre à l’égalité entre les classes par l’adoption de politiques publiques. Au contraire, l’analyse de classe préconise l’abolition pure et simple des classes sociales. Nous entendons par « lutte des classes » une analyse des différentes relations de pouvoir à l’intérieur de notre société, lesquelles sont axées sur les luttes actives entre des classes sociales ayant des intérêts diamétralement …

Appendices