FR:
Dans les écrits que nous avons consultés et qui visent à analyser les causes structuro-organisationnelles de la souffrance psychique et morale, les répercussions qui découlent des conditions de travail difficiles, voire les moyens auxquels les travailleuses sociales ont recours pour y faire face, les questions de l’autonomie et de l’exercice du jugement professionnel furent bien souvent abordées. En effet, et particulièrement depuis la reconfiguration de l’action publique amorcée par la nouvelle gestion publique à la fin des années 1980, la recension des écrits en Europe et en Amérique du Nord sur le sujet établit des liens entre la managérialisation des services de santé et des services sociaux et l’émergence d’un choc des épistémés capable d’interpeller les travailleuses sociales sur ce qu’elles font, sur ce qui a de l’importance pour elles, sur les responsabilités et les obligations qui sont les leurs dans leur travail. Il y aurait une tension de plus en plus vive entre les normes déontologiques et organisationnelles qui s’appliquent à départager la régulation des activités professionnelles des travailleuses sociales au travail. Pour ne pas devenir de simples exécutantes, les travailleuses sociales sont plus que jamais appelées à se mobiliser afin de préserver leur espace clinique, leur autonomie, bref, leur jugement professionnel.
EN:
In the literature we consulted which aims to analyze the structural-organizational causes of mental and moral suffering, the impact arising from the difficult working conditions, or the means social workers use in order to face the issues of professional autonomy and professional judgment were often discussed. In fact, since the reconfiguration of public action initiated by the New Public Management in the late 1980s, the literature on the subject found connection between health services managerialisation, social services and the emergence of a shock episteme that able to challenge social workers about what they do, what is important to them; theirs responsibilities and obligations at work in Europe and North America. There would be more and more tension between ethical and organizational standards that apply to share the regulation of professional activities of social workers at work. Thereby, not to become mere implementers, the social workers are more than ever called to mobilize themselves in order to preserve their clinical space, professional autonomy and their professional judgment.