Des pratiques à notre image

Le développement des services en français en matière de violence faite aux femmes : des pratiques à notre image[Record]

  • Ghislaine Sirois and
  • Marie-Luce Garceau

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  • Ghislaine Sirois
    Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (Ottawa)

  • Marie-Luce Garceau
    École de service social, Université Laurentienne

Cet article porte sur ce qu’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (AOcVF) et ses groupes membres considèrent comme leurs meilleures pratiques entourant le développement des services en français (SEF) dans le domaine de la violence faite aux femmes. Nous présentons d’abord AOcVF. Puis, nous discutons brièvement des droits des francophones en Ontario et de ce que nous considérons comme un service en français de qualité. Nous présentons enfin nos « meilleures pratiques ». Vous constaterez à leur lecture qu’elles ont été développées pour répondre aux besoins des femmes francophones disséminées à la grandeur de la province. Vous comprendrez également qu’en matière de violence faite aux femmes, les services en français sont offerts par un nombre limité d’organismes disposant le plus souvent de budgets restreints. AOcVF a vu le jour en 1988. Il s’agit d’un organisme provincial regroupant les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence, les centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (Calacs) et quelques autres organismes offrant des SEF en matière de violence faite aux femmes. L’AOcVF veut prévenir la violence faite aux femmes par : Pour AOcVF et ses membres, l’offre de SEF aux femmes francophones aux prises avec de la violence est un droit acquis et chèrement défendu. Une fois pour toutes, mettons un terme au mythe voulant que la demande de services en français soit « un caprice » ou une « toquade » de la population d’expression française, ou encore que les SEF dédoublent des services déjà existants. Ce mythe perdure et est tout particulièrement dommageable quand il s’agit d’offrir des services aux femmes francophones violentées. Premièrement, les femmes francophones ne sont pas toutes bilingues. Elles ne sont pas toutes capables de faire valoir leurs besoins dans la langue de la majorité. Et si on pense aux femmes de la récente vague d’immigration francophone, surtout africaine, attirées ici par la publicité qui présente le Canada comme « le plus meilleur pays bilingue au monde » – pour paraphraser les affirmations de notre ex premier ministre – beaucoup parmi elles n’ont pas accès aux services qui les mettraient à l’abri de la violence, essentiellement parce qu’elles sont d’expression française. Deuxièmement, il existe en Ontario des droits acquis quant aux services en français, entre autres : Il va sans dire que malgré ses initiatives le gouvernement de l’Ontario ne respecte pas encore toutes ses obligations dans le domaine de la violence contre les femmes. Malgré les lacunes dans l’offre de SEF, AOcVF et ses membres ont établi les éléments définissant de façon concrète ce que sont des SEF de qualité dans le domaine de la violence. En voici les principaux éléments : Bref, ce sont ces éléments qui sont au coeur des SEF en matière de violence faite aux femmes. Toutefois, plusieurs obstacles nuisent à leur mise en application. Afin de les surmonter, AOcVF et ses membres ont instauré, au cours des années, ce que nous appelons nos « meilleures pratiques ». Elles vont de pair avec la création des services et les vagues d’investissements des gouvernements successifs. La création de services en violence contre les femmes a commencé au début des années 1970. À cette époque et tout au long des années 1980, on a vu naître des SEF à la Maison d’amitié à Ottawa, à la Maison Interlude House à Hawkesbury et à celle de Kapuskasing. Ce sont des maisons d’hébergement qui offrent encore aujourd’hui des SEF en tout temps, avec quelques travailleuses en counselling dans des postes satellites multiservices. Dès 1988, AOcVF constatait une quasi-absence de SEF dans le domaine de la violence contre les femmes, à …

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