Des pratique à notre image

Spiritualité et intervention sociale[Record]

  • Lucie Brunet

La spiritualité a-t-elle sa place dans l’intervention? Quels sont les bienfaits et les défis qui y sont associés? Comment la spiritualité peut-elle soutenir le cheminement thérapeutique? Voilà quelques-unes des questions abordées dans ce texte, fruit d’une réflexion personnelle sur le sujet. Dans notre société de surconsommation, si on utilise comme mesure la pratique religieuse, on pourrait croire que la dimension spirituelle a été largement évacuée. Chez les Franco-Ontariens élevés dans la foi catholique, nombreux ceux qui, pour diverses raisons, ont quitté l’Église, entre autres, par indifférence, par protestation contre le pouvoir hiérarchique masculin ou à cause d’abus perpétrés par le clergé. Cependant, plusieurs croyants non pratiquants ont conservé un attachement pour l’Église lorsque vient le temps de marquer des moments forts de leur vie, comme une naissance, un mariage ou un décès. La plupart d’entre nous cherchent des balises pour guider nos choix de vie, trouver l’espoir dans les moments sombres et résoudre les questions morales auxquelles nous devons faire face. Pour certaines personnes, c’est la foi en Dieu ou en un Être suprême qui agit comme un phare dans leur vie et qui les aide à traverser de terribles épreuves. Si la religion peut fournir certaines réponses sur le sens à donner à notre vie, c’est à l’extérieur des structures des religions établies que de plus en plus de gens poursuivent leur recherche spirituelle. Car religion et spiritualité ne sont pas synonymes et la spiritualité moderne comporte bien des visages. Par exemple, la quête du sacré peut prendre la forme d’une communion avec la nature d’où l’on puise la force. Avec le phénomène grandissant de l’immigration, les intervenantes et intervenants sont appelés à transiger avec des réalités nouvelles, telle la diversité religieuse et spirituelle. Il devient essentiel d’en savoir davantage sur des religions comme l’islam, le judaïsme, le bouddhisme, ou même sur certains préceptes du christianisme, afin de mieux comprendre et d’intervenir auprès de clients qui ont, au coeur de leur vie, croyances et pratique religieuses. La même recherche devra s’appliquer à l’athéisme et à l’agnosticisme ainsi qu’aux formes multiples de spiritualité nouvelle. Toutes les traditions religieuses comportent des éléments de sagesse qui sont à découvrir. Un des défis soulevés par la diversité religieuse et spirituelle est le respect des croyances de l’autre, surtout lorsqu’on estime que certains éléments de ces croyances empêchent la personne de s’épanouir. Apprendre pour mieux comprendre sera un grand atout pour quiconque est appelé à intervenir auprès de personnes en phase terminale. D’ailleurs, c’est souvent devant la mort que la question de la foi peut se poser avec acuité. Devant la déchéance du corps physique, il est naturel de se demander si la vie se poursuit après la mort. Le respect absolu doit primer : autant faut-il éviter d’imposer ses propres croyances à la personne mourante, autant est-il nécessaire d’être à l’écoute de ses besoins et de l’accompagner dans la dignité. Au cours des prochaines années, le domaine de l’intervention sera confronté à un phénomène semblable à celui que l’on observe actuellement dans la médecine traditionnelle qui s’emploie à traiter les symptômes d’un « bobo », souvent avec un arsenal de médicaments et de technologies aux effets secondaires parfois inquiétants, sans pour autant aller à la racine du mal. Or, de plus en plus de gens sont insatisfaits des résultats obtenus par l’entremise de la médecine traditionnelle et choisissent d’explorer les médecines douces. Dans la même veine, des personnes ayant vécu des traumatismes profonds sont à la recherche de nouvelles formes de thérapie. C’est ainsi, observe-t-on, qu’un nombre croissant d’intervenantes et d’intervenants utilisent de nouvelles approches intégrant un volet spirituel, après avoir constaté les …

Appendices