La maltraitance des enfants est très répandue; en Ontario, en 1993, il y a eu approximativement 12 600 enfants victimes de maltraitance (Trocmé, McPhee et Kwan Tam 1995 : 569). Les conséquences de ce mauvais traitement sont dévastatrices pour l’enfant de même que pour l’adolescent (Hanigan 1990; NRC 1993; Starr 1988) et peuvent entraîner une séquence d’événements négatifs qui s’étendra jusque dans la vie adulte (Seligman 1993). Par sa Loi sur les services à l’enfance et à la famille, le gouvernement ontarien s’engage à protéger les enfants et à assurer leur bien-être (Ontario 1985 : 8). Lorsque les services directs à une famille biologique ne suffisent plus pour assurer la protection des enfants, une société de l’aide à l’enfance (SAE) peut mener une intervention de dernier recours, c’est-à-dire le placement temporaire dans un foyer substitut. En 2003, environ 17 000 enfants ontariens étaient placés sous les soins des services de bien-être à l’enfance. 53,4 % des enfants pris en charge par la SAE étaient âgés de 13 à 21 ans (Canada 1994 : 102). Selon la législation ontarienne, l’objectif du placement vise la croissance et le développement de l’enfant dans un environnement stable qui devra répondre aux besoins particuliers de l’enfant jusqu’à ce qu’une solution permanente soit trouvée (Ontario 1985 : 9 standards). Malheureusement, les résultats des jeunes issus de ce système résidentiel sont souvent négatifs, entre autres sur le plan scolaire et sur ceux de l’emploi et de l’indépendance financière (Broad 1999; Cook 1994). Ainsi, malgré les intentions des organismes de protection de l’enfance de veiller au mieux-être des enfants et adolescents, de nombreuses difficultés empêchent de rencontrer les objectifs de la loi (Baker 1995 : 245; Mckenzie 1994 : 2). La présente étude propose d’explorer l’expérience du placement selon la perspective des adolescents. Très peu de recherches ont étudié le placement selon le point de vue des jeunes qui vivent à long terme en foyer d’accueil. Pourtant, la perspective et la satisfaction des usagers influenceront la réussite des interventions (Bush et al. 1977; Chubb et Fertman 1992; Korbin 1977; Shulman 1993). L’opinion des jeunes visés offrirait une perspective intéressante sur les difficultés vécues par des jeunes placés à long terme, mais surtout sur les éléments qui favorisent leur bien-être. Dans leur annotation de la recherche sur la relation d’aide, Miller, Duncan et Hubble (1999) ont trouvé que la perception des clients ne correspond pas toujours à celle des intervenants qui travaillent avec eux. De plus, ces mêmes auteurs, de même que Bachelor et Horvath (1999) suggèrent que c’est la perception des clients qui prédit le mieux le succès (ou l’échec) éventuel de l’intervention. Ainsi, l’expertise de ces jeunes vient compléter l’expertise professionnelle (Le Bossé 1996 : 132). Cette recherche vise donc à cerner les éléments qui, selon les jeunes placés en foyer d’accueil, favorisent leur bien-être. Leurs témoignages suggèrent quelques pistes d’intervention permettant à la SAE d’améliorer son intervention et ainsi favoriser le bien-être de ces jeunes. Les participants à cette étude ont été recrutés parmi des jeunes sous la responsabilité d’une SAE de l’Est ontarien. L’échantillon a été constitué en fonction des critères suivants : jeunes francophones âgés de 14 à 21 ans, placés en famille d’accueil ou en foyer de groupe pour des motifs de maltraitance, depuis au moins un an et demi avec cette SAE. Trente-sept jeunes placés à long terme en famille d’accueil ou en foyer de groupe ont été contactés. Un total de 11 jeunes dont 8 filles et 3 garçons ont accepté de participer à cette étude. Il s’agit d’un échantillon volontaire. La collecte des données s’est effectuée au moyen de …
Appendices
Bibliographies
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