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Le démarrage d’un programme national de recherche sur la santé des communautés francophones minoritaires — une initiative du Consortium national de formation en santé[Record]

  • Francine Desbiens

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  • Francine Desbiens
    Coordonnatrice à la recherche, CNFS

Un programme de recherche structurée et novatrice a été élaboré au cours de l’année 2004 grâce à la participation d’acteurs-clés provenant de différents secteurs de la santé de plusieurs régions du pays. Invités d’abord à participer à des forums régionaux afin de déterminer les besoins de recherche, les participants ont souhaité, comme nous allons le voir, une rencontre nationale afin d’établir une approche stratégique adaptée aux réalités des minorités linguistiques. Cet article expose comment une vague d’intérêt des communautés francophones minoritaires a mené au premier Forum national de recherche sur la santé des communautés francophones en situation minoritaire. Il montre aussi que cette première étape fondamentale est créatrice d’espoir au plan de pistes d’actions prometteuses. La santé est une priorité pour chaque Canadien. L’accès aux soins est un facteur déterminant pour des communautés en santé. Or, ces questions par rapport aux populations minoritaires francophones demeurent encore trop peu connues et documentées. Le Comité consultatif des communautés francophones en situation minoritaire révèle que 55 % des francophones de ces communautés ont rarement, voire jamais, accès aux services de santé dans leur langue. Il relève aussi un lien direct entre la langue et les résultats de santé de la population. Diverses instances nationales, gouvernementales et associatives (Fédération des communautés francophones et acadienne, Santé Canada, Comité consultatif des communautés francophones en situation minoritaire) qui ont mené des travaux sur ces questions ont fait ressortir des indices de différenciation dans l’état de santé des francophones vivant en situation minoritaire, le manque d’accès aux services de santé dans la langue de la minorité, la pénurie de professionnels de la santé, le manque d’incitatifs pour garder les professionnels en poste, l’isolement des professionnels de la santé et des chercheurs en milieu minoritaire ainsi que la quasi-absence de recherches spécifiques sur les communautés linguistiques minoritaires. L’information stratégique s’avère déficiente, non seulement sur l’accès aux services de santé, mais aussi sur l’état de santé des communautés francophones en situation minoritaire ainsi que sur divers autres aspects, tels l’alimentation, la sécurité alimentaire, l’activité physique, le tabagisme, la consommation d’alcool ou de drogues et l’utilisation des services de santé. De même, les données probantes sur les conditions de vie sont remarquablement rares : il y a peu d’informations, voire aucune, sur le revenu, l’éducation, le travail, le réseau social, le logement, l’inclusion sociale, le stress, le transport, etc. des francophones en situation minoritaire (M’Bala et al. 2005). Bref, des données probantes pour mieux comprendre les communautés francophones minoritaires, leur état de santé, les déterminants sociaux de la santé et les questions relatives à l’accès aux services dans la langue première restent à être colligées. Pourtant, seules des données fiables et accessibles permettent une prise de décisions éclairées par les organismes responsables de la planification des services de santé et de l’élaboration des politiques. Les lacunes avérées sur le plan des preuves scientifiques nuisent beaucoup à l’élaboration de politiques et de stratégies sanitaires ciblées sur les plans national, régional et local. Elles mettent aussi en relief la quasi-absence de financement pour la recherche sur cette problématique générale. Dévoilé en mars 2003, le « Plan d’action sur les langues officielles » du gouvernement fédéral préconise des mesures concrètes, dont la création d’un nouveau domaine stratégique ayant pour thème « Citoyenneté, culture et identité », pour mettre en oeuvre les engagements relatifs à l’application de la partie VII de la Loi sur les langues officielles. De son côté, le Comité permanent des langues officielles relève des lacunes en matière d’informations stratégiques et recommande aux grands organismes de subvention (surtout le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) et les …

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