Lu pour vous

C. Amaratunga, J. Gahagan (dir.), Striking to the Heart of the Matter : Selected Readings on Gender and HIV, Halifax, Atlantic Centre of Excellence for Women’s Health, 2002, 106 p.C. Amaratunga (dir.), Race, Ethnicity and Women’s Health, Halifax, Atlantic Centre of Excellence for Women’s Health, 2002, 206 p.[Record]

  • Jacinthe Michaud

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  • Jacinthe Michaud
    École d’Études des femmes, Université York

Le Centre d’excellence sur la santé des femmes de l’Atlantique publiait l’an dernier deux ouvrages réunissant des articles, l’un sur le genre et le Sida, Striking to the Heart of the Matter: Selected Readings on Gender and HIV et l’autre sur la race, l’ethnicité et la santé des femmes, Race, Ethnicity and Women’s Health. Ces deux publications s’inscrivent dans l’orientation du Centre d’excellence, à savoir, parvenir à combler le manque critique de connaissances sur la santé des femmes des provinces maritimes, en particulier des femmes issues de groupes socialement et économiquement désavantagés. Elles cherchent également à faire la lumière sur les barrières qui limitent l’accès aux services de santé et les difficultés qu’éprouvent certaines catégories sociales de femmes à influencer l’orientation des politiques de santé. Striking to the Heart of the Matter et Race Ethnicity and Women’s Health proposent une vision féministe sur des enjeux précis : la reconnaissance qu’au Canada, plus de femmes sont contaminées et meurent de Sida que les hommes ; que le racisme, la violence, la pauvreté et l’exclusion des services de santé ont une influence sur le taux d’infection ; que les méthodologies de recherche doivent s’intéresser au vécu et aux expériences des femmes à qui ces recherches prétendent s’adresser ; que les services et l’orientation des politiques publiques en matière de santé et de services sociaux doivent prendre en considération les déterminants sociaux et économiques plutôt que de mettre l’accent sur les comportements individuels. Telles sont quelques-unes des orientations et des conclusions des recherches rassemblées dans ces deux ouvrages. À ce premier exposé de la situation statistique et économique, s’ajoute un deuxième chapitre sur les enjeux soulevés par les méthodes de recherche à l’endroit des groupes sociaux exclus. Margreth Tolson and Stephanie Kellington estiment que la recherche conventionnelle en sciences sociales fait entendre la voix de certains groupes de personnes à l’exclusion d’autres types de parole, soit la voix des experts qui s’expriment au détriment d’une clientèle déjà victimisée en vertu de leur appartenance à certains groupes d’individus ou associée à certains comportements jugés pathologiques. Ces modèles traditionnels de recherche tendent à poser des jugements individualistes et moralisateurs plutôt que de mettre l’accent sur les déterminants de la santé. Les auteures proposent donc un tout autre modèle de recherche dont elles ont pu observer le fonctionnement auprès de groupes de femmes séropositives de Vancouver. Il s’agit d’une méthode de recherche participante appelée « Listen UP ! Research Project ». Plusieurs constats se dégagent de cette expérience, entre autres, qu’il y a des liens entre des situations de violence et le VIH : violence institutionnelle, violence de la rue, violence dans les relations intimes. Ces violences multivariées et qui se superposent, s’imposeront comme autant de constats aux lectrices et aux lecteurs au fil des réalités marginalisées exposées dans des contextes différenciés. Aussi, n’est-il plus possible de faire abstraction des effets à long terme de la colonisation sur les femmes autochtones, colonisation toujours pratiquée à leur endroit et qui les rend plus vulnérables à une infection au HIV. Les femmes autochtones et inuits venues du Nord se retrouvent dans les grandes villes telles que Montréal, Toronto et Vancouver, en raison de l’anonymat que leur procurent ces grands complexes urbains. Ces femmes, qui au sein de leur communauté d’origine étaient infirmières, enseignantes, travailleuses sociales, se retrouvent aujourd’hui à la merci de professionnels-les qui les victimisent. Un autre article à retenir est celui de Lois Jackson, « HIV Prevention Programme and Female Prostitutes : The Canadian Context ». Les prostituées, davantage que n’importe quelle autre catégorie de personnes, sont particulièrement au fait des dangers de leur profession …