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Les conduites violentes chez les enfants de 3 à 6 ans : comprendre pour mieux intervenir[Record]

  • Rachel Hasan,
  • Marie Drolet and
  • Maryse Paquin

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  • Rachel Hasan, m.s.s.
    École de service social, Université d’Ottawa

  • Marie Drolet, Ph. D.
    École de service social, Université d’Ottawa

  • Maryse Paquin, Ph. D.
    Faculté d’éducation, Université d’Ottawa

Y a-t-il augmentation ou stabilité de la violence à l’école? Le débat est toujours ouvert, les avis sont partagés. D’après certains, la violence chez les enfants, nettement plus fréquente qu’auparavant, continuerait de croître (Danyluk, 1995). D’autres vont défendre le point de vue inverse. Un manque de données objectives empêcherait de circonscrire dans le temps l’ampleur du phénomène de la violence scolaire (Funk, 2001; Hébert, 2001); le nombre de méfaits demeurerait proportionnellement restreint par rapport à l’ensemble des élèves (Debarbieux, 2001). L’intérêt accordé par les médias à la violence scolaire, particulièrement en raison des homicides à multiples victimes, avive les inquiétudes et donne une fausse impression sur le phénomène (Astor, 1995; Charlot et Émin, 2001; Debarbieux, 2001; Funk, 2001; Hébert, 2001; Lemay, 1995; Tremblay et al., 1996; Trépanier, 1999; Verlinden et al., 2000). Une chose est sûre : une majorité de la population perçoit maintenant cette violence comme un enjeu crucial (Lorrain, 1999; Carrington, 1999; Verlinden et al., 2000). L’intérêt que l’on porte au contrôle de la violence dans les écoles semble augmenter d’année en année (Bullis et al., 2001). On cherche à saisir la problématique des victimes (Debarbieux, 2001; Fortin, 2002; Centre national de prévention du crime, 2002). On tente aussi de réduire les manifestations de violence dans les jeux, dans les films et à la télévision (Freedman, 2002). Plus particulièrement, on s’intéresse davantage à la prévention et à l’intervention précoces (Loeber et Farrington, 2000). Depuis un certain temps, une attention particulière est portée aux enfants de 3 à 6 ans (Astor, 1995; Herrenkohl et al., 2001; Saravanamuttoo, 2001; Tremblay, 2000). D’une part, c’est entre l’âge de 2 et 3 ans que les enfants sont les plus violents physiquement (Tremblay, 2000). D’autre part, les conduites violentes, lorsqu’elles se maintiennent au préscolaire et surtout lorsqu’elles y sont fréquentes et stables, deviennent un important facteur prédictif de violence ou même de délinquance à l’adolescence ou à l’âge adulte (Farrington, 2000; Kosterman et al., 2001; Leblanc, 1999; Stormont, 2000; Tremblay, 1995 et 2000). En ciblant ce groupe d’âge et les années préscolaires, on espère diminuer la délinquance et la criminalité (Eisenberg et al., 1999; Tremblay, 2000). Le gouvernement de l’Ontario s’intéresse également aux jeunes enfants (McCain et Mustard, 1999; Saravanamuttoo, 2001) et à la problématique de la violence scolaire. Intervenir face à la violence dans les écoles ontariennes signifie depuis 1994 appliquer la politique de Tolérance Zéro, adoptée cette même année par le ministère de l’Éducation et de la Formation (MÉFO, 1994). Cette politique oblige chaque école à se doter d’un code de conduite prévoyant les diverses conséquences des conduites violentes des élèves. L’une de ces conséquences était déjà l’imposition de la suspension externe dès la première infraction jugée grave. Le ministère de l’Éducation a durci cette politique en 2000 en adoptant la nouvelle Loi sur la Sécurité dans les écoles (MÉO, 2001). Fondée sur le principe que tous les membres du système scolaire ont droit à la sécurité et à la protection contre toutes les formes de violence, cette nouvelle loi autorise l’application de mesures coercitives et dissuasives sitôt l’apparition, chez le jeune enfant, des premières conduites jugées inappropriées par le milieu scolaire; la suspension scolaire externe peut dorénavant être appliquée dès la maternelle, soit dès l’âge de 3 ans. En même temps, le Ministère adoptait le Code de conduite provincial qui uniformise les conséquences des conduites violentes perpétrées par les élèves. C’est dans tout ce contexte que s’inscrit cette étude exploratoire. Celle-ci veut circonscrire la situation d’enfants de 3 à 6 ans ayant des conduites violentes envers leurs pairs à l’école, ainsi que …

Appendices