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Education populaire : « Non, l’engagement n’a pas régressé, mais il a changé de formes »[Record]

  • Serge Cordellier

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La réflexion sur l’engagement (citoyen, économique, social) et le renouvellement des responsables dans l’économie sociale concerne particulièrement les associations (notamment les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, les ONG) et les coopératives de différentes familles. En revanche, cela ne recouvre pas globalement l’engagement politique, qui ne correspond pas en tout aux mêmes ressorts. Cela ne s’applique pas non plus à l’engagement intellectuel ou culturel, qui possède de fortes spécificités. Cette question n’en interpelle pas moins, plus largement, l’évolution de la société civile et l’organisation des citoyens. La réflexion doit lier engagement, bénévolat, militantisme et volontariat sans pour autant confondre ces quatre thèmes. Peut-on, comme cela est si souvent affirmé, souscrire à l’idée que l’engagement aurait reculé ? Faut-il croire que l’esprit collectif et volontaire aurait régressé devant un développement de l’« individualisme » ? Pour répondre à ces interrogations relatives notamment à l’éducation populaire et qui, pour grande partie, peuvent aussi aisément être transposées aux syndicalismes dans leurs différentes composantes et orientations, ainsi qu’à d’autres formes de solidarité ou d’action collectives (sociales, territoriales, environnementales, humanitaires, internationales…), nous nous appuyons sur nos enquêtes-études et nos observations (pour beaucoup participantes) en divers milieux , ainsi que sur certains autres travaux, notamment sociologiques. A cela se sont ajoutées de nombreuses formations (ou interventions à l’occasion d’assemblées générales ou de congrès) pour des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, des associations de solidarité internationales (ONG), ainsi que des syndicats départementaux, régionaux ou nationaux de diverses natures et obédiences. Plusieurs de ces formations ou interventions ont été consacrées aux questions de l’engagement et du renouvellement des militants ou des responsables, ainsi qu’aux questions de la gouvernance . A de nombreuses reprises, des interlocuteurs ont tenu à préciser que l’engagement n’avait pas « régressé », mais qu’il avait « changé de formes », ce que confirment d’autres analyses de sociologie politique démentant la dépolitisation de la société, y compris des jeunes. Cet article bénéficie également d’une expérience sur la longue durée de l’auteur portant sur les formations de militants et de responsables, expérience qui a notamment fait l’objet d’une communication lors d’un colloque . Quelques termes de vocabulaire peuvent être précisés en préalable afin de situer les quelques définitions de base nécessaires à la lecture de notre propos. Nous nous limitons à quatre termes élémentaires. Bien d’autres auraient pu être convoqués : sympathisant, administrateur, affilié, associé, sociétaire, responsable, etc. L’« adhérent », comme son nom l’indique, est affilié, est membre, est cotisant, se déclare en accord avec le projet que propose l’organisation, ainsi qu’avec ses valeurs. Il s’agit en général de personnes physiques, mais aussi, dans certains cas, de personnes morales si les statuts le prévoient. L’adhésion, comme la désaffiliation, est libre. L’adhérent représente un degré plus avancé d’engagement que le fait d’être « sympathisant ». Selon l’organisation d’économie sociale dont il s’agit, il peut s’agir d’un membre d’une structure associative ; d’un producteur et/ou associé (détenteur de part[s] sociale[s]) ; d’un client ou usager dans une coopérative ; d’un sociétaire et assuré dans une mutuelle… Certains peuvent aussi exercer des responsabilités ou des mandats au sein de l’organisation (administrateur, etc.). L’économie sociale, comme on le sait, repose sur le principe de gestion démocratique « Une personne égale une voix ». Le « bénévole » participe gratuitement à des activités, sans être rémunéré. Le terme « bénévole » s’applique à une personne qui agit de manière désintéressée, gratuite, sans rémunération et sans contrainte, donc volontaire. D’innombrables exemples de bénévolat (collaborations, aides, services) peuvent être évoqués, comme l’aide scolaire non marchande dispensée par des associations étudiantes, l’alphabétisation d’étrangers ou l’accompagnement d’illettrés, les visites à des prisonniers, le …

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