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  • Patricia Toucas-Truyen

La Mutualité française souhaite mettre la question de la santé au coeur de la présidentielle, comme elle l’a montré à l’occasion de ses journées de rentrée qui se sont tenues à Lille à la fin du mois de septembre. Pour la réalisation de cet objectif, la fédération organisera une plate-forme participative, Place de la santé, permettant aux adhérents d’évaluer les propositions des candidats. Notons qu’une telle initiative avait déjà été prise à l’occasion de l’élection de 2012. Elle a le mérite de rappeler que la protection sociale, vecteur majeur de qualité de vie pour l’ensemble des citoyens, ne peut être livrée à une expertise exclusivement technique et comptable. Il s’agit d’un enjeu majeur pour l’élection présidentielle ; les réactions qu’a suscitées l’annonce par Marisol Touraine, ministre de la Santé, d’une réduction notable du déficit du régime général de la Sécurité sociale en sont la preuve. Nonobstant la prudence affichée par la Cour des comptes devant cette déclaration optimiste, la ministre souligne que les résultats financiers sont les meilleurs depuis 2001, laissant entrevoir à une échéance plus courte que prévu la résorption du fameux « trou de la Sécu », thème récurrent de la presse sociale depuis le milieu des années 1960. Cependant, l’avenir de l’Assurance maladie n’est pas si dégagé, dans la mesure où il se construit au fil des compromis signés avec les professionnels de santé et les organismes complémentaires. L’envolée des dépenses dentaires et ophtalmologiques, et plus largement des dépassements d’honoraires, pèse lourdement sur les assurés. D’ores et déjà, les organismes gestionnaires de la complémentaire santé regroupés dans l’Unocam, dont les mutuelles, ont déclaré qu’ils ne signeraient pas en l’état la nouvelle convention médicale, car des incertitudes subsistent sur les modalités et l’ampleur de leur participation financière. De la même façon, la Mutualité française a signifié son opposition aux contrats seniors, dont les dispositions sont inscrites dans l’article 33 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2016. Ces contrats doivent offrir des garanties santé minimales (sous la forme d’un panier de soins) à des tarifs plafonnés pour les plus de 65 ans. Les mutualistes s’opposent d’abord à une nouvelle segmentation de la protection sociale qui constitue, selon Thierry Beaudet, président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) , une atteinte au principe de la solidarité entre les générations et entre malades et bien-portants, le seul à même de garantir la viabilité financière d’une mutuelle. Ensuite, les mutuelles critiquent l’effet de dumping de ces contrats proposant des prestations inadéquates aux besoins de la population visée, et à un tarif non soutenable sur le long terme. Les mutuelles expriment la crainte que ces mesures, qui ne leur laissent guère de latitude pour établir leur politique tarifaire, fragilisent leur modèle économique. Le monde mutualiste se penche sur l’économie collaborative, dite aussi (parfois à tort) économie « du don » ou « du partage », qui impacte à la fois les relations sociales et des secteurs d’activité de plus en plus nombreux, en lien avec l’essor du numérique. Pour autant, si « collaboratif » et « mutualiste » semblent étymologiquement et éthiquement compatibles, il convient d’y regarder à deux fois avant d’établir des partenariats. Les mutuelles-assurances (notamment la Maif et la Macif) ont été les premières à se saisir du sujet. De fait, elles sont concernées au premier chef par le développement de plates-formes comme BlaBlaCar, Airbnb, etc., qui interpellent le contenu des contrats d’assurance automobile et habitation. L’économie collaborative était aussi à l’ordre du jour des journées de rentrée de la Mutualité française, avec deux questions fondamentales résumant le dilemme auquel est confrontée l’ESS …

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