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  • Laurent Gardin,
  • Florence Jany-Catrice,
  • Martijn Vandenbroucke,
  • Jean-Louis Bancel and
  • Henry Noguès

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  • Laurent Gardin
    IDP, Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis

  • Florence Jany-Catrice
    Clersé, Université Lille-1

  • Martijn Vandenbroucke

  • Jean-Louis Bancel

  • Henry Noguès
    Président de l’Addes

Les XIVes Rencontres du Réseau interuniversitaire de l’économie sociale et solidaire (Riuess) se sont tenues à l’université Lille-1 du 21 au 23 mai 2014 sur le thème de l’économie sociale et solidaire en coopérations. Ce retour dans le Nord-Pas-de-Calais, quatorze ans après l’émergence du réseau en 2001 à l’université de Valenciennes, associait pour l’organisation des rencontres l’Institut du développement et de la prospective (IDP) et le Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé) de Lille-1. Le Riuess réunit maintenant vingt-six universités développant formations et recherches en ESS. Les rencontres de Lille ont accueilli plus de 280 acteurs et chercheurs de ce champ. Ces trois journées ont été l’occasion de penser la coopération, autrement dit les normes de réciprocité, les règles de démocratie, les agencements entre les acteurs, etc., d’une manière située. Une fois le principe de coopération en effet énoncé, il reste à le confronter aux réalités des politiques et des pratiques dans le domaine. Ce fut là toute notre ambition. Yves Vaillancourt, sociologue de l’université de Québec à Montréal (Uqam), nous a rappelé la nécessaire déconstruction des termes : « Il y a des concepts qui s’affadissent lorsqu’ils deviennent à la mode », évoquait-il à propos de la « co-construction » comme modalité de coopération entre acteurs. Mais ne nous y trompons pas : l’injonction à la concurrence et à la compétitivité s’impose tant dans la littérature économique standard que dans le débat public et dans les sociétés contemporaines comme une évidence. C’est la raison pour laquelle Loïc Blondiaux, politologue à l’université de Paris-1, suggérait que les acteurs économiques et sociaux sont de facto de plus en plus démunis de compétences de coopération, bien plus que de compétences de mise en concurrence dont ils sont (et dont nous sommes) abreuvés dès l’école primaire. Cette suggestion ouvrait alors notre appétence pour une réflexion sur les différents états de la coopération. Grâce à la soixantaine de communications réalisées dans les dix-huit ateliers, auxquelles s’ajoutent une trentaine d’interventions en tables rondes, ce sont ces coopérations potentielles et en acte entre acteurs de types différents qui ont été explorées au fil des journées : coopérations au sein des structures mêmes de l’ESS ; entre acteurs de l’ESS, citoyens, chercheurs et enseignants ; entre acteurs de l’ESS ; entre acteurs de l’ESS et mouvements sociaux ; et, enfin, entre l’ESS et les pouvoirs publics. Le concept de coopération abordé à ces multiples niveaux et selon ses multiples contenus (co-construction, coordination, concertation, partenariat, dialogue social, etc.) demande toutefois à être clarifié et mis en perspective avec d’autres notions proches. De manière générale, au niveau individuel, la propension à la coopération dépend du type de rationalité qui sera allouée aux agents. Dans le cadre d’une rationalité instrumentale maximisatrice – celle qui nourrit les principaux modèles des économistes standards –, c’est l’optimisation du bien-être individuel qui est recherchée. Les agents peuvent, le cas échéant, coopérer, mais à la condition qu’ils aient un intérêt individuel à le faire. Evidemment, pour des raisons et des fondements variés, il est intéressant de se demander si les agents peuvent avoir une inclinaison non calculatrice à coopérer. Les travaux présentés montrent au contraire que des épistémologies différentes insistent sur la nature partenariale de l’économie (voir les travaux de Dewey, par exemple). D’un point de vue plus macro, les coopérations peuvent être pensées comme des processus qui établissent des règles, des normes et des institutions, qui cherchent de nouveaux agencements entre les acteurs, qui leur permettent de construire la confiance, qui organisent des décisions de façon démocratique , etc. De manière plus procédurale encore, on pourra considérer que …

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