Volume 39, Number 2, Fall 2020 Enquêter sur les affects : quels enjeux, quelles méthodes ? Guest-edited by Amandine Rochedy and Thomas Bonnet
Table of contents (12 articles)
Introduction
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Plaidoyer pour considérer les sensibilités des anthropologues et des personnes enquêtées dans les soins délivrés en contexte de pauvreté. Réflexivité à partir d’exemples africains
Isabelle Gobatto
pp. 15–36
AbstractFR:
Les émotions des anthropologues sur leur terrain peuvent soutenir la production de questionnements scientifiques et de débats méthodologiques par leur traitement in situ ou a posteriori, mais sous quelles modalités? Cette question est discutée à partir de fragments ethnographiques en relation avec des situations de soins en Afrique de l’Ouest. Après avoir rappelé le rôle des cadres sociaux dans la légitimité méthodologique attribuée aux dimensions sensibles et affectives du travail des chercheuses et chercheurs sur leur terrain, j’interrogerai leurs affects en tant que ressource puis risque. J’évoquerai comment ils peuvent soutenir la connaissance en orientant le regard vers des objets à interroger ou en devenant un élément de l’échange dans l’enquête. Puis je soulignerai comment parfois ils la perturbent, engageant dans leur sillage des phénomènes de mémoire et d’histoire, individuelles et collectives. Ce point sera développé au prisme de l’interprétation des émotions des personnels de santé pratiquant une médecine dans un contexte de pauvreté.
EN:
The emotions of anthropologists in the field can support the production of scientific questioning and methodological debates as they are processed in the moment or later, but how? This question is discussed based on ethnographic fragments related to care situations in West Africa. After recalling the role of social frameworks to establish the methodological legitimacy attributed to the sensitive and affective dimensions of field work by researchers, I will question their affects as both resources and risks. I will hint at how they can support knowledge by directing attention toward subjects to be questioned or by becoming part of the dialog within the investigation. Then I will highlight how they sometimes disturb it, dragging along in their wake individual and collective phenomena of memory and history. I will develop this point through the prism of interpreting the emotions of healthcare personnel practising medicine among the poor.
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L’apport des méthodes ethnographiques pour enquêter sur la gestion collective des émotions au travail. L’exemple de la coloration affective des situations chez les policiers et les diplomates
Marc Loriol
pp. 37–58
AbstractFR:
Les émotions font l’objet d’un regain d’intérêt scientifique depuis les années 1980. Neurologistes, psychiatres, psychologues ont parfois défini les émotions comme des phénomènes neurophysiologiques et psychologiques internes aux individus. Cette ontologie est liée à la volonté d’attester de la matérialité de ces phénomènes (par exemple par l’imagerie médicale), comme si les méthodes devaient définir l’objet. Si l’on considère au contraire les émotions comme des processus complexes, mis en forme et gérés dans le cadre d’interactions sociales contextualisées, des méthodes plus qualitatives et ouvertes (observations in situ et entretiens approfondis) sont un complément nécessaire pour en saisir les significations, les enjeux et les régulations. En m’appuyant sur mes recherches auprès de diplomates et de policiers, j’illustre la pertinence de cette démarche pour opérationnaliser une notion qui fait sens à la fois dans les sciences de la vie et dans les sciences sociales, celle de coloration affective.
EN:
Scientific interest in emotions has been growing since the 1980s. Neurologists, psychiatrists and psychologists have sometimes defined emotions as neurophysiological and psychological phenomena that are internal to individuals. This ontology is linked to a desire to show that these phenomena are material (for example, using medical imaging), as if the methods should define the subject. If, on the other hand, we consider emotions to be complex processes that are shaped and managed within a framework of contextualized social interactions, then methods that are more qualitative and open (field observations and in-depth interviews) are an essential component if we are going to understand their signification, the issues involved and how they are regulated. I rely on my research with diplomats and police officers to illustrate how relevant this is if we are to operationalize a notion that makes sense in both the life sciences and the social sciences, that of affective colouring.
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Les émotions en politique : méthodes mixtes d’investigation des discours de défaite
Michel Catlla
pp. 59–81
AbstractFR:
La défaite électorale est une composante normale du fonctionnement démocratique d’un pays comme la France et constitue une étape obligée dans la carrière politique. Les discours de défaite prononcés au soir du second tour des élections présidentielles de la Ve République permettent d’explorer la place et le rôle des émotions en politique. En combinant une perspective historique à de l’observation de situations de déclaration et de l’analyse textuelle, l’article propose trois périodes qui correspondent à des façons distinctes de mettre en scène la défaite électorale. Ces évolutions sont accompagnées de transformations des normes émotionnelles. L’analyse des mots employés par les perdants renseigne sur les émotions attendues dans le cadre de cet exercice imposé et des émotions provoquées auprès des divers auditoires.
EN:
Being defeated in an election is a normal part of how democracy works in a country like France, and everyone with a political career experiences it. The speeches of defeated candidates on the evening of the second round of elections for the presidency of the Fifth Republic were used to explore the place and role of emotions in politics. The article combines a historical perspective with observation of the situations in which the speeches were made and with textual analysis to suggest three periods corresponding to separate ways of framing an electoral defeat. These changes are accompanied by transformations in emotional standards. An analysis of the words used by the losers provides information on the emotions that are expected during these forced speeches as well as the emotions that they inspire in different audiences.
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Saisir les carrières affectives des militants. Propositions de protocole empirique
Isabelle Sommier
pp. 82–101
AbstractFR:
On en sait désormais beaucoup sur l’engagement des militants au cours des années 68 des points de vue structurel (les conditions macrosociologiques de l’effervescence de l’époque) et organisationnel (les groupes en présence), et depuis peu également des conséquences professionnelles et politiques pour les militants. Leur carrière affective en revanche reste globalement méconnue sur une période réputée être celle de la politisation de la sphère privée et surtout dans un contexte scientifique pourtant marqué depuis une vingtaine d’années par un emotional ou affective turn. La raison en est en partie méthodologique tant elle est difficile à saisir. À partir d’un matériau constitué de près de 400 récits de vie associés, pour 78 % d’entre eux, à un calendrier de vie, cet article présente un retour réflexif sur l’intérêt et les difficultés de l’outil biographique. Il terminera en proposant d’autres pistes empiriques pour enrichir et compléter les sources.
EN:
We now know a lot about engagement in and around 1968 from the structural (the macrosociological conditions created by social turmoil at the time) and organizational (the groups in existence) points of view, and more recently about professional and political consequences for the militants. However, their affective career as a whole is basically unknown during a period considered to be when the private sector became politicized and, more especially, in a scientific context that has been characterized in the last couple of decades by an emotional or affective turn. Part of the reason for this gap is methodological because it is hard to pin down. Based on a corpus of almost 400 life stories, 78 % of which are accompanied by a timeline of the subject’s life, this article reflects on the pertinence and the difficulties of using a biographical tool and then suggests several empirical methods to enrich the tool and fill in any gaps.
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Ethnographier les émotions occurrentes, un enjeu pour l’apprentissage professionnel
Long Pham Quang
pp. 102–126
AbstractFR:
Cet article analyse l’activité de soin mortuaire à partir de son apprentissage et autour d’émotions telles qu’elles peuvent se déployer en situation tutorale au travail. Bien que le climat qui règne dans une chambre mortuaire puisse être légitimement qualifié d’émotionnel, ce n’est cependant pas lui que nous avons choisi d’étudier, mais ce qui s’en détache par moments, par phases, les émotions susceptibles de déclencher de l’apprentissage selon les appuis théoriques retenus. L’objectif est de pouvoir ethnographier les émotions occurrentes afin de pouvoir rendre compte des apprentissages. Une réflexion méthodologique s’ordonne autour de la difficulté à pouvoir saisir ces émotions au moment même de leur surgissement. Nous proposons un dispositif méthodologique combinant différentes méthodes : l’observation, l’enregistrement audiovidéo et l’entretien d’autoconfrontation. Nous avons également repéré l’influence des émotions des enquêtés sur la conduite de recherche. Des pistes de réflexion et d’action sont avancées.
EN:
This article analyzes mortuary care from the moment it is first learned and examines the emotions that may occur in a teaching situation in the workplace. Although the atmosphere at a mortuary may legitimately be described as emotional, that is not what we decided to study. Instead, we looked at what arises from it at various moments and phases, those emotions likely to create a learning situation based on the theoretical supports chosen. The goal is ethnographic research into occurrent emotions in order to confirm that learning has taken place. Methodology is examined in relation to the difficulty of recording these emotions when they occur. Our proposed methodology combines observation, audiovisual recording and self-confrontation interviews. We also discerned the influence of the research subjects’ emotions on how the research was conducted. We suggest ideas for reflection and action.
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L’approche sensible des espaces urbains. Éléments pour une ethnographie de l’urbanité
Olivier Ocquidant
pp. 127–148
AbstractFR:
Cet article expose quelques pistes méthodologiques pour une approche ethnographique dite sensible des espaces urbains. Il rend compte d’une enquête de terrain en cours. Une interrogation sur la description des occurrences sensibles et affectives survenant lors de marches urbaines et d’observations est le premier jalon de la réflexion. Le déplacement dans la ville permet la perception des différents types de « contacts » constituant une part de la matière sensible de la ville. La photographie et la vidéo donnent à penser d’autres registres des phénomènes sensibles comme l’ambiance des lieux et la distribution des engagements mutuels. La question de la participation à l’« être en commun » ordinaire soulève finalement les implications micropolitiques de l’urbanité.
EN:
This article uncovers a few methodological possibilities for a so-called sensitive ethnographic approach to urban spaces. It reports on an ongoing field investigation. The reflection starts by questioning the description of sensitive and affective occurrences during urban walks and observations. While moving through the city, the researcher perceives different types of « contacts » that make up part of the sensitive material in the city. Photography and video reveal for our consideration other registers of sensitive phenomena, such as the prevailing ambiance and the distribution of mutual engagements. Finally, the question of participation in the ordinary « common being » raises the micropolitical implications of urbanness.
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Ethnographier les traces de l’affect : une tentative en clinique de l’activité
Nadine Poussin
pp. 149–170
AbstractFR:
À partir d’une intervention en psychologie du travail auprès de médecins du travail, utilisant la méthodologie de la clinique de l’activité (Clot, 2008), nous avons été amenée à prendre comme objet de recherche l’affectivité. En effet, l’un des résultats obtenus par l’intervention a été la transformation des sentiments des professionnels relativement à l’exercice de leur métier. L’intervention en clinique de l’activité comprend l’enregistrement filmé de séquences d’activité de travail ainsi que de dialogues sur celles-ci (Clot et al., 2000). Dès lors, nous avions en notre possession ce matériau pour tenter d’y repérer des traces de phénomènes affectifs afin de mieux les comprendre. Une méthode d’analyse multimodale des matériaux a été élaborée. Trois modalités ont été retenues : les regards, la voix et les mots. Nous revenons ici sur cette méthodologie d’analyse des traces de l’affect élaborée dans le cadre de cette recherche et reprise dans d’autres travaux depuis (Bonnemain, 2015; Tomás & Bonnemain, 2019). La démarche d’analyse cherche à montrer qu’à partir d’interventions poursuivant l’objectif de développement du pouvoir d’agir, un développement de l’affectivité est également rendu possible.
EN:
Starting with an occupational psychology intervention involving occupational physicians and using the clinic of activity methodology (Clot, 2008), we came to choose affectivity as our research subject. One of the results of the intervention was a transformation in how professionals felt about practising their profession. The intervention in a clinic of activity included film recordings of sequences of work activities, accompanied by discussions of the activities (Clot et al., 2000). We then had in our possession a corpus in which to try to discern traces of affective phenomena so that we could better understand them. A multimodal method combining looks, voice and words was developed to analyze the data. We will return here to a methodology for analyzing traces of affects that was presented in this research and repeated in later research (Bonnemain 2015; Tomàs & Bonnemain, 2019). The analytical approach seeks to show that through interventions pursuing the objective of empowerment, affectivity development is also made possible.
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Composer avec les émotions : réfugiés et chercheuse dans la relation d’enquête
Albena Tcholakova
pp. 171–192
AbstractFR:
Tout travail engage des émotions de différentes natures. Cet article s’efforce d’apporter une contribution épistémologique à la réflexion des émotions dans le travail d’enquête, une enquête menée sur les carrières professionnelles des réfugiés dans deux sociétés européennes, la France et la Bulgarie. C’est au prisme de la relation d’enquête comme travail spécifique – faisant partie du métier des chercheurs en sciences humaines et sociales – qu’est interrogée la place des émotions. Les émotions y sont envisagées en tant qu’effets, outils et supports de l’action, en tant qu’agissant sur la relation enquêtrice-enquêtés et en tant qu’agies par cette relation, en adoptant une approche deweyenne. Les émotions exprimées ou dissimulées peuvent signaler des désajustements de l’interaction entre chercheurs et enquêtés et peuvent inviter la relation d’enquête à s’engager dans de nouvelles directions. Le travail d’enquête engage ainsi un « travail émotionnel » que cet article propose d’analyser, en mettant l’accent sur deux dimensions des émotions : leur caractère situé et leur structure dramaturgique. Ces deux dimensions renvoient à deux perspectives du travail émotionnel. La première pointe rôle du contrôle de l’information sociale dans les interactions. La seconde, quant à elle souligne le fait que le travail émotionnel est lié aux rapports de domination de classe, de sexe et de racialisation.
EN:
Any sort of work will engage emotions of various natures. This article aims to contribute to epistemological reflecting emotions during investigational work involving career efforts among professional refugees in two European societies, France and Bulgaria. I studied the space taken up by emotions in an investigation through the prism of the investigational relationship as a specific type of work, which is part of the profession of researcher in the humanities and social sciences. Emotions are considered in investigational work as effects, tools and supports for action, as acting on the researcher-research subject relationship and as being acted upon by this relationship, adopting a Deweyan approach. Emotions, whether expressed or concealed, may signal maladjustments in the interaction between researchers and participants and may invite the investigative relationship to proceed in new directions. Investigative work thus engages in an « emotional work » which this article proposes to analyze, focusing on two dimensions of emotions : their situated character and their dramaturgical structure. These two dimensions refer to two perspectives of emotional work. The first one points to the role of the control of social information in interactions. The second emphasizes the fact that emotional work is related to relations of class dominance, gender and racialization.
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(In)habitée par le cancer : récits critiques des trajectoires affectives d’un terrain miné d’émotions
Consuelo Vásquez
pp. 193–214
AbstractFR:
Cet article propose d’aborder la place des affects dans le travail ethnographique, et plus particulièrement dans l’écriture. Inspirée par la critique habitée d’Ashcraft (2017) je trace les trajectoires affectives qui m’ont traversée lors de la réalisation de deux terrains de recherche auprès d’un organisme de lutte contre le cancer. À travers le récit de mon parcours en tant qu’ethnographe, bénévole et aussi proche aidante, je découvre la manière dont j’ai été (in)habitée par le cancer. Le regard réflexif et critique posé sur l’expérience de ces terrains minés d’émotions montre comment le cancer, ici constitué comme objet de critique, se déplace à travers des agencements multidirectionnels et hybrides. Les récits de critique habitée suggèrent un mode d’enquête et d’écriture où la chercheuse ou le chercheur se laisse guider par les affects comme point de départ de la réflexivité.
EN:
This article deals with the place of affects in ethnography, and more especially in writing. Inspired by Ashcraft’s inhabited criticism (2017), I trace my affective journeys through two field research projects I conducted in an organization fighting cancer. Through the storytelling of my journey as an ethnographer, a volunteer and a caregiver, I discover how cancer inhabitation me. The reflective and critical standpoint regarding my experience through these emotional minefields illustrates how cancer, here considered as an object of power, travels through multidirectional, hybrid structural networks. The inhabited criticism narratives presented in this paper suggest a model for research and writing where the researcher uses affects as the starting point for her reflection.
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Négliger les affects, retour sur une enquête à l’objet « invisible » : quand la sanction scolaire suscite l’émotion de parents de milieux populaires
Zoé Yadan
pp. 215–236
AbstractFR:
Le propos de cet article est de rendre compte d’une négligence qui, à mon sens, n’est pas rare : il peut arriver que le sociologue soit hermétique face aux affects. Au cours d’une enquête, j’ai moi-même, involontairement, fait abstraction des manifestations liées aux affects. Pourtant, ceux-ci étaient bel et bien présents. Ils étaient perceptibles, voire ostensibles, lors des observations, mais aussi lors des entretiens; ils étaient audibles puisque les enquêtés ont mis en mots ces affects; ils étaient vécus à la fois par les enquêtés et par moi-même. Comment comprendre cette négligence? Comment l’éviter et quels outils s’offrent au chercheur pour y pallier? Nous tentons de répondre à ces questions en prenant appui sur une enquête de terrain portant sur des parents issus de milieux populaires et dont l’enfant a fait l’objet d’une sanction disciplinaire au collège.
EN:
The goal of this article is to point out a type of negligence that I believe is all too common: sociologists who totally ignore affects. During the investigation I myself involuntarily neglected those manifestations related to affects. Yet, they existed! They were perceivable, even obvious, during both observations and interviews; they were audible because the interviewees put these affects into words; both the interviewees and I experienced them. How are we to understand this negligence? How can we avoid it and what tools can the researcher use to mitigate it? We will try to answer these questions based on a field investigation of working-class parents whose child had been subject to a disciplinary sanction at college.
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Les affects comme outils méthodologiques dans la production d’un savoir collectif
Anne Perriard, Carole Christe, Cécile Greset and Micaela Lois
pp. 237–259
AbstractFR:
Quelles sont les émotions ressenties par les enquêtrices et les enquêteurs pendant un entretien? Qu’est-ce qui les déclenche? Comment ces émotions sont-elles visibles? Que nous révèlent ces émotions sur la relation d’enquête et l’objet de recherche? Voici des questions auxquelles cet article se propose de répondre. Postulant que les affects sont un révélateur du social, nous nous sommes penchées sur leurs effets dans le cadre d’une recherche collective sur les apprentissages de la sexualité. Nous inspirant de l’épistémologie féministe du point de vue et du concept de travail émotionnel, nous montrons dans cet article comment la prise en compte des affects des enquêtrices avant, pendant et après l’entretien permet de limiter les biais de recherche et de consolider une posture d’enquête réflexive.
EN:
What emotions do investigators feel during an interview? What sets them off? How are these emotions visible? What do they reveal about the investigative relationship and the research subject? This article suggests answers to these questions. Starting from the postulate that affects reveal social situations, we questioned their effects within a collective research project on learning sexuality. We were inspired by a feminist epistemology of point of view and by the concept of emotional work in order to show in this article how allowing for the investigators’ affects before, during and after the interview enables us to limit research bias and to strengthen a position of reflective investigation.