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Ce texte est le fruit d’une recherche portant sur la question de la revalorisation de la médecine traditionnelle africaine, notamment sur le rôle que peut jouer ou que doit jouer l’anthropologue, dans ce processus, au moyen de la démarche qualitative. Il fait suite au constat selon lequel la revalorisation de la médecine traditionnelle africaine privilégie les transformations biochimiques (dans une perspective de médecine moderne occidentale), négligeant ou reléguant les tradipraticiens (le tradipraticien est celui qui pratique la médecine traditionnelle. Selon l’OMS, cette expression se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels-séparément ou en association- pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé) et leurs protocoles thérapeutiques au second plan. Face à ce constat, nous avons mis à profit les méthodes de la recherche qualitative pour revaloriser les tradipraticiens de Côte d’Ivoire, notamment par les entretiens en profondeur avec eux sur les modes et conditions de transmission de leurs savoirs, de même que sur la dimension cultuelle qui entoure la pratique thérapeutique, par les observations de leurs pratiques ou protocoles thérapeutiques faits de mélanges d’ingrédients divers, par les entretiens de groupe pour saisir ce qui est socialement partagé ou peut l’être, entre tradipraticiens et chercheurs, sur les modes de revalorisation en cours. Ainsi, nous avons pu constater que la recherche qualitative peut permettre à l’anthropologue de jouer un rôle d’intermédiaire entre les thérapeutes traditionnels africains et les biochimistes pour une revalorisation holistique de leurs pratiques.