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Cet article s’insère au coeur d’un débat entrepris à l’Association pour la recherche qualitative concernant non seulement les termes, mais aussi les pratiques en usage dans le champ des méthodes qualitatives. L’accroissement rapide des ouvrages méthodologiques de même que celui de l’usage empirique des méthodes qualitatives pourraient laisser croire à une stabilisation des traditions. Or, il n’en va pas ainsi, car les termes et les pratiques se multiplient, des variations conceptuelles importantes naissent, et les chercheurs semblent sans cesse portés à redéfinir les concepts et les pratiques méthodologiques sur lesquels ils fondent la qualité de leurs recherches. Nous avons déjà réagi à certains de ces aspects dans un avis déposé aux trois conseils de recherche du Canada (Guillemette, Royer, Baribeau, Moreau & Racine, 2007), dans des articles et dans des communications (Baribeau, 2006; 2008; 2009; Royer & Baribeau, 2008). Ici, nous proposons les résultats de nos recherches sur cette méthode particulière qu’est l’entretien de groupe.
Après avoir fait un rapide survol des origines du dispositif et de ses diverses ramifications au cours du 20e siècle, nous mettons en lumière certains problèmes liés à la multiplicité des appellations dans le champ des entretiens de groupe. Nous soulignons qu’en apparence, les articulations du dispositif sont fort peu différentes de celles des lieux d’émergence du focus group en recherche; elles témoignent, selon nous, d’une tendance à y insérer de nombreuses variances ou complexifications. Cette tendance à multiplier, à redéfinir et souvent aussi à confondre les méthodes et les notions relève assurément de diverses raisons. Ces façons de procéder occasionnent non seulement un fouillis de termes et de définitions contestables, mais aussi des compréhensions erronées en regard desquelles il importe, pour la qualité et la recevabilité de nos recherches et la qualité même de l’analyse des phénomènes sociaux, de déterminer rapidement des procédures minimales pouvant orienter les pratiques. C’est dans cette visée que nous proposons tout d’abord une méthode pour appréhender et définir avec plus de rigueur le sens des concepts utilisés. Dans notre présentation de cette méthode, nous donnons les précisions sur la constitution du corpus, les critères de qualité, la pertinence de l’échantillon de textes retenus, le processus d’anasynthèse, la base de la définition du terme ou du concept. Une seconde voie complémentaire à la première consiste à porter plus d’attention à la fois à la qualité du dispositif et à la qualité des données en prenant en compte certaines balises méthodologiques.