Bonjour tout le monde, kwei ! Je suis ici aujourd’hui pour parler du projet Masko Cimakanic Aski, qui est le nom donné à notre territoire familial, ainsi que le nom de l’aire protégée que nous voulons faire reconnaître par le gouvernement du Québec. Le territoire de Masko Cimakanic Aski est situé près de la réserve de Wemotaci au sein du Nitaskinan, le territoire ancestral des Atikamekw Nehirowisiwok. Avant de mettre en place le projet, nous avons demandé à l’une des personnes qui transmettait l’information au sujet des aires protégées dans les communautés atikamekw nehirowisiwok si les peuples autochtones avaient une place dans les projets d’aires protégées du gouvernement. Nous voulions savoir si les Autochtones étaient consultés sur cette politique et sur la manière dont sont définies les aires protégées. Elle nous a répondu que ce n’était pas le cas. Nous avons donc commencé à discuter avec les personnes en place pour que s’amorce notre projet Masko Cimakanic Aski et pour ainsi faire valoir notre propre conception de ce qu’est ou devrait être une aire protégée autochtone, selon nos propres valeurs et pratiques de gestion et de préservation des ressources territoriales. En cours de route, nous nous sommes aperçus que nous étions inutiles dans le développement du projet d’aire protégée. Nous n’avions jamais accès aux décisions et nous n’étions même jamais contactés, ne serait-ce que par téléphone. Nous avons été ignorés. C’est encore exactement ce qui se passe actuellement. Tout est décidé à l’extérieur des communautés, que ce soit au niveau des fonctionnaires ou à partir des municipalités de la région qui prennent aussi part aux discussions. Les peuples autochtones n’ont jamais eu le droit de prendre une décision relative à la manière dont sont pensées et organisées les aires protégées du Québec, même celles qui se trouvent sur nos propres territoires. Nous avons été vexés et choqués. Nous avons tenté d’amener des éléments importants dans les processus de décisions, comme le droit de consentement préalable et éclairé, mais nous avons encore été ignorés. Cette attitude n’est pas seulement envers nous, mais également envers les Québécoises et Québécois. Dans le cadre des négociations autour de l’aire protégée Masko Cimakanic Aski, notre proposition d’inclure toute la partie sud du territoire dans l’aire protégée a été refusée par le gouvernement. Dans les négociations, le gouvernement a plutôt suggéré d’agrandir la partie nord du territoire, où la coupe forestière n’est de toute façon pas rentable en raison du type d’arbres qui y pousse. Cette attitude du gouvernement est décrite par ce qu’on appelle le « racisme environnemental ». C’est aussi un racisme de nature civilisationnelle. À partir de l’article de Gina Thésée, Paul Carr et Carlo Prévil (2017) intitulé « Enjeux du Vert en Noir et Blanc : Racisme environnemental et antiracisme critique en contextes de racialisation », vous comprendrez pourquoi le problème que nous vivons est à la fois une attitude de « racisme environnemental » et un racisme social qui se fait auprès d’autres groupes au Québec. Cet article aborde le concept de « racisme environnemental » qui définit bien la situation que ma famille et nos communautés vivent : On sait que la position du gouvernement encourage les multinationales à exploiter le territoire du Québec et des Autochtones. Par ses positions sur l’exploitation du territoire, le gouvernement perpétue le « racisme environnemental » qui doit être également considéré comme un « racisme civilisationnel » : À partir de cet article de Gina Thésée, Paul Carr et Carlo Prévil ainsi que de notre propre expérience, il semble évident que le « racisme environnemental » existe et que nous en vivons les …
Appendices
Bibliographie
- Thésée, Gina, Paul R. Carr et Carlo Prévil. 2017. « Enjeux du Vert en Noir et Blanc : Racisme environnemental et antiracisme critique en contextes de racialisation ». Dans Éducation, Environnement, Écocitoyenneté : Repères contemporains. Sous la direction de Lucie Sauvé, Isabel Orellana, Carine Villemagne et Barbara Bader, 47-66. Québec : Presses de l’Université du Québec.
- Porteilla, Raphaël. 2005. « Racisme et discrimination, la position des peuples autochtones ». Dans La nouvelle question indigène. Sous la direction de Jean-Claude Fritz, 433-450. Paris : L’Harmattan.