Cinquante ans... cinquante textes : retour sur des thématiques marquantes

L’aventure paléoindienne dans les pages de Recherches amérindiennes au Québec[Record]

  • Adrian L. Burke

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  • Adrian L. Burke
    Département d’anthropologie, Université de Montréal

La revue Recherches amérindiennes au Québec a participé activement à l’une des aventures les plus excitantes de l’histoire de l’archéologie québécoise : la découverte de sites archéologiques associés aux premières occupations humaines du territoire. C’est dans la revue que nous avons appris qu’il existait des sites très anciens au Québec, des sites associés à la période paléoindienne. Au début on se forçait pour dépasser la barrière de 8000 ans avant le présent (toutes les dates dans ce texte sont non calibrées). Quand cette barrière a été franchie, les archéologues se sont attaquées à la barrière de 10 000 ans, et celle-ci a été franchie aussi. Toute cette aventure s’est déroulée dans les pages de la revue au courant des années 1980, 1990 et 2000. Et il est fascinant, en 2021, de regarder vers l’arrière et de constater jusqu’où nous sommes rendus aujourd’hui dans nos connaissances sur ces premiers occupants, les Paléoindiens, et comment notre science a évolué rapidement en si peu de temps. Ce court texte reprend les points saillants de trois articles clés publiés dans la revue pour présenter cette aventure archéologique de chez nous. Notre aventure comporte deux principaux acteurs, deux archéologues qui ont consacré leurs carrières à l’archéologie du Québec et qui ont souvent publié leurs découvertes dans les pages de Recherches amérindiennes au Québec : Pierre Dumais et Claude Chapdelaine. Les trois textes que nous abordons démontrent qu’en archéologie, il faut souvent compter sur la chance, mais ce qu’il faut surtout c’est de la persévérance. Ces deux archéologues montrent par le biais de leurs articles comment on peut proposer un scénario pour reconstituer l’histoire ancienne des peuples autochtones qui ont occupé le territoire après le retrait des glaces et que, par un travail de terrain soutenu et de la persévérance, on peut finalement démontrer que le sol québécois recèle autant de merveilles archéologiques anciennes que chez nos voisins américains au sud et ontariens à l’ouest. Ces trois articles représentent chacun un bond dans notre compréhension de la période paléoindienne. Les textes sont essentiellement descriptifs et présentent pour la première fois au public de nouveaux sites archéologiques et les artefacts qui y ont été retrouvés. En même temps, on voit dans chacun des articles le noyau d’un programme de recherche sur les sites paléoindiens du sud-est du Québec qui s’épanouira au courant des décennies qui suivront. Ces programmes de recherche seront réalisés rapidement et publiés surtout sous forme de monographies qui permettront de mettre les sites dans leur contexte archéologique et environnemental (Chapdelaine 1994, 2007 ; Dumais 1988). Les trois articles commentés ici incluent une discussion assez détaillée du contexte environnemental qui encadre le site archéologique. Une attention particulière est portée à l’évolution du paysage physique après le retrait du glacier (niveaux des eaux marines et des lacs ou mise en place de terrasses marines et systèmes hydrographiques, par exemple). Cette attention au contexte environnemental est typique pour la recherche centrée sur les Paléoindiens en Amérique du Nord. L’environnement étant très changeant et dynamique à la fin du Pléistocène et au début de l’Holocène, on présume que les chasseurs-cueilleurs de cette période devaient composer avec plusieurs défis et que, dans une certaine mesure, ces « contraintes » environnementales devaient influencer leur schème d’établissement, leur technologie et leur organisation sociale. En 1985, la revue a publié un numéro consacré aux premières occupations humaines du Québec, du Maine et de l’île du Prince-Édouard sous la direction de Claude Chapdelaine (vol. 15, nos 1-2). Le titre du numéro était certes évocateur – Des éléphants, des caribous… et des hommes. La période paléoindienne – et aussi un peu ambitieux étant donné …

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