Comptes rendus

Colin G. Calloway, The Indian History of an American Institution. Native Americans and Dartmouth, Dartmouth College Press, Hanover, 2010, 256 p.[Record]

  • Mathieu Chaurette

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  • Mathieu Chaurette
    Département d’histoire
    Université du Québec à Montréal

Principalement versée dans la description des pensionnats, l’historiographie récente de l’éducation autochtone n’a accordé que peu d’attention à la période précédant leur avènement dans les années 1880. Dans ce contexte, l’histoire du Dartmouth College, école accueillant des autochtones depuis plus de deux cent quarante ans, permet de faire le pont entre l’époque coloniale et les enjeux plus contemporains. The Indian History of an American Institution. Native Americans and Dartmouth ne s’intéresse toutefois pas seulement à la présence des autochtones au Dartmouth College. Pour Colin Calloway, l’histoire amérindienne de Dartmouth n’engage pas seulement les étudiants autochtones, mais aussi les non-autochtones en relation avec le collège qui ont travaillé en territoire amérindien ou dans l’administration de la politique indienne (p. xix). Remontant aux origines de la fondation du Dartmouth College, l’ouvrage s’articule autour des relations entre les étudiants du collège, autochtones et américains, et les communautés amérindiennes. À travers ces pages, le lecteur ne trouvera pas de thèse saisissante ou novatrice, notamment en ce qui a trait à ­l’influence des étudiants américains sur le développement de l’histoire autochtone. Il aura néanmoins droit à une synthèse cohérente et accessible qui montre bien la diversité des réactions autochtones face à l’éducation. Les deux premiers chapitres de l’ouvrage relatent les événements ayant mené le révérend congré­ga­tionaliste Eleazar Wheelock à fonder le Dartmouth College en 1769. Convaincu des bienfaits de l’éducation, Wheelock avait créé la Moor’s Indian Charity School en 1754, une école élémentaire qui visait à former des missionnaires amérindiens familiers avec les langues et traditions autochtones et ayant une influence auprès de leurs communautés. À l’instar des travaux de Margaret Connell-Szasz (1988) et de James Axtell (1981), Calloway soutient que le projet d’éducation d’Eleazar Wheelock avait pour but principal d’éradiquer la culture a­mé­­rindienne. Les élèves dans les écoles de Wheelock représentaient ainsi des « captives in the process of cultural conversion » (p. 13). Calloway prend tout de même soin de montrer que le projet éducatif servait certains objectifs secondaires. Par exemple, la formation de jeunes autochtones dans les écoles de Wheelock permettait au gouvernement américain de tisser des alliances avec certaines nations autochtones. Pour les communautés protestantes, il s’agissait surtout d’un moyen de former des missionnaires adaptés au mode de vie amérindien et donc de concurrencer l’expansion catholique en Amérique. Pour Calloway, les autoch­tones aussi retiraient des bénéfices de l’éducation. À une époque où les Amérindiens se voyaient constamment repoussés de leurs terres, ­l’alphabétisation permettait de comprendre les accords légaux conclus avec les Britanniques. D’ailleurs, le premier étudiant de Wheelock, Samson Occom, a été élu chef des Mohegans à 19 ans, afin de défendre les droits de sa nation. Respecté pour son talent, Occom a été choisi par Wheelock pour aller recueillir des fonds en Angleterre en vue de la construction d’un collège. Cette expédition, qui a été la plus fructueuse de l’histoire coloniale américaine, a permis d’amasser plus de £12 000, somme qui a servi à fonder le Dartmouth College au New Hampshire. Le coeur de l’ouvrage (chap. 3 à 7) se compose d’une suite d’expériences personnelles vécues par les étudiants du Dartmouth College entre 1775 et 1900. Ces histoires courtes traitent majoritairement des élèves autochtones, mais aussi des étudiants américains qui ont été actifs dans la politique indienne. Calloway mentionne que le rôle du Dartmouth College « was far greater than the rather paltry numbers of Native who actually graduated from the College in its early years » (p. xv). Il souligne en effet que plusieurs des autochtones qui ont fréquenté Dartmouth sont devenus d’importants acteurs de changement dans leur communauté. Certains Amérindiens ont profité de leurs connaissances pour résister ou …