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Yawenda : projet de revitalisation de la langue huronne-wendate[Record]

  • Yves Sioui,
  • Isabelle Picard and
  • Louis-Jacques Dorais

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  • Yves Sioui
    Directeur de l’école Ts8taïe, Wendake

  • Isabelle Picard
    Conseil en éducation des Premières Nations

  • Louis-Jacques Dorais
    Département d’anthropologie, Université Laval

Le huron-wendat est la langue ancestrale de la première nation de Wendake. Cette communauté autochtone située à quinze kilomètres au nord-ouest de la ville de Québec compte environ 1500 résidents, soit la moitié des effectifs totaux de la nation. Presque tous les Wendats ont le français comme langue maternelle, ce qui fait d’eux les seuls francophones de la famille linguistique iroquoienne. Ils ont toujours reconnu l’importance de leur langue ancestrale mais, malheureusement, divers facteurs sociaux, géographiques et historiques ont fait que celle-ci a cessé d’être en usage à partir des dernières années du xixe siècle (Gérin 1902 ; Brunelle 2000). Le sociologue Léon Gérin rapporte que, lors de sa visite à Wendake en 1899, « même les membres les plus âgés de la tribu, en réponse à [ses] questions, avaient beaucoup de mal à se rappeler quelques mots [wendats] disparates » (Gérin 1900 : 89, notre trad.). À la fin des années 1980, plusieurs Wendats ont entamé un retour à des valeurs culturelles plus traditionnelles. Dans la mouvance de cet élan, la revitalisation de la langue est de plus en plus apparue comme essentielle au recouvrement de l’identité de la nation. Une telle revitalisation, qui s’inscrit dans une tendance mondiale à préserver ou faire revivre des langues minoritaires menacées par l’avancée des grands idiomes internationaux (Krauss 1992), exige des efforts soutenus et organisés. Elle ne peut que reposer sur une concertation étroite entre la communauté qui veut se réapproprier sa langue – et sans la participation de laquelle les efforts de revitalisation linguistique seraient inutiles, voire impossibles – et les spécialistes qui maîtrisent les techniques permettant une telle revitalisation. Le projet Yawenda est justement le fruit d’une telle alliance de recherche entre la communauté de Wendake – qui, dans une pétition signée par 350 personnes dès 1998, a manifesté son désir de voir les autorités locales se consacrer à la revitalisation du parler ancestral – et des chercheurs universitaires ou professionnels (linguistes, anthropologues, spécialistes en sciences de l’éducation) versés dans la linguistique iroquoienne, l’anthropologie du langage ou l’enseignement en langues autochtones. Le projet Yawenda se propose, sur une période de cinq ans (2007-2012), d’atteindre les objectifs suivants, qui comprennent chacun des activités de recherche, de formation et de transmission des connaissances : Il s’agit, on ne doit pas s’en cacher, d’une entreprise complexe, peut-être utopique aux yeux de certains. Il faut mettre des programmes d’enseignement sur pied, créer du matériel pédagogique et former des professeurs dans une langue que personne ne parle plus, ni ceux qui l’apprendront, ni ceux qui l’enseigneront. Mais qui ne risque rien n’a rien. Si les Wendats veulent se réapproprier leur langue, ils doivent faire les efforts qui s’imposent. Les risques pris par le projet sont d’ailleurs calculés. Divers facteurs permettent de croire que les objectifs visés par Yawenda sont réalisables, du moins à long terme : La revitalisation du wendat semble donc possible si on y met le temps qu’il faut. La dernière année du projet Yawenda devrait voir la mise sur pied d’un programme de langue dans une ou deux classes du primaire, et les cours aux adultes auront sans doute débuté avant cela, mais le travail amorcé devra se continuer bien après 2012. Le projet Yawenda comprend trois grands volets méthodologiques se déployant en bonne partie de façon parallèle. Le premier d’entre eux sert de fondement à l’ensemble de la recherche. Il consiste à rassembler dans une banque de données informatisée, à l’aide du logiciel ToolBox, les données lexicales provenant des dictionnaires wendats compilés aux xviie et xviiie siècles. Une bonne partie de ces données a déjà été colligée par …

Appendices