Abstracts
Résumé
L’auteur de cet article postule que le savoir écologique traditionnel (SET) des premières nations et la science occidentale traditionnelle (SOT) sont potentiellement complémentaires lorsqu’on veut réfléchir à une gestion forestière fondée sur le respect des écosystèmes. Malgré l’existence de zones de recoupement, ces deux traditions incarnent des systèmes de connaissance et des façons d’appréhender les savoirs qui sont différents. Tisser des liens entre les deux approches représente un véritable défi car les scientifiques, pour la plupart, ne sont pas familiers avec la philosophie qui soustend les SET et n’ont pas la formation nécessaire pour en comprendre les méthodes. L’auteur considère que les systèmes de SET se rapportent aux institutions et aux relations sociales (le capital social), qui émanent de croyances philosophiques et d’enseignements culturels (le capital culturel), tels que véhiculés par des pratiques et des protocoles (la méthodologie) caractéristiques de la tradition orale. Il présente une analyse épistémologique des points de convergence et de divergence entre les savoirs écologiques traditionnels et la science occidentale. Les idées développées dans son analyse sont appliquées au cas d’une forêt pluviale tempérée de la côte Pacifique, plus précisément à celui de la Commission scientifique pour les pratiques forestières durables dans la baie de Clayoquot. En s’appuyant tant sur les SET que sur la SOT, les aînés de la nation nuu-chah-nulth et les scientifiques qui siègent à cette Commission en sont arrivés à un consensus quant aux pratiques forestières durables et ce, dans l’un des contextes canadiens les plus conflictuels en matière d’environnement. L’analyse révèle que la notion d’écosystème constitue une zone conceptuelle partagée qui peut servir à concilier les SET et la SOT. Allier ces deux types de savoirs renforce les modèles de gestion forestière fondés sur le respect des écosystèmes. Toutefois, cela exige que l’on développe, de part et d’autre, des habiletés de communication interculturelle et que l’on accepte de travailler en se basant sur des standards biculturels.
Abstract
First Nations Traditional Ecological Knowledge (TEK) and Western science represent potentially complementary traditions informing ecosystem-based forest management. While overlap exists, these traditions comprise distinct knowledge systems incorporating different ways of knowing. One challenge for bridging TEK and Western science is that most scientific practitioners are unfamiliar with the philosophy on which TEK is based and are not trained in their methods. I propose that TEK-Systems refers to social relations and institutions (social capital), founded upon philosophical beliefs and cultural teachings (cultural capital), mediated by practices and protocols (methods) of oral tradition. An epistemological analysis of the divergence and convergence between TEKS and Western science is then presented. These ideas are applied to a case study in Canada’s coastal temperate rainforest: the Scientific Panel for Sustainable Forest Practices in Clayoquot Sound. Comprised of Nuu-Chah-Nulth elders and forest scientists, the Panel achieved a full consensus on sustainable forest practices drawing equally on TEK and Western science in one of Canada’s most intense environmental conflicts. Analysis indicates that ecosystems provide shared conceptual terrain for bridging TEKS and Western science. Bridging TEKS and Western science enhances ecosystem-based models of forest management. Special skills of cross-cultural communication along with bi-cultural standards are required for such work.