Abstracts
Résumé
La culture matérielle est bien souvent ce par quoi la culture des autres est le plus facilement appréhendée, voire instrumentalisée et réinventée. Le phénomène indianophile illustre parfaitement cette valeur d’emblème des objets issus d’une culture « exotique », en même temps qu’il fournit un terrain privilégié pour l’étude des processus complexes mis en jeu dans toute tentative de définition et de recréation d’une culture matérielle. Les indianophiles, passionnés par les cultures des Indiens d’Amérique du Nord, mettent en oeuvre de vastes connaissances et des compétences très spécialisées pour recréer un univers indien qui ne soit pas seulement une représentation mais une expérience vécue. Les « objets indiens » qu’ils façonnent et utilisent, en effet, ne constituent pas des collections destinées à demeurer sur une étagère. Ils sont intégrés à des réseaux complexes de circulation (marchande et non marchande) et servent de base à des pratiques d’actualisation, pratiques par lesquelles les résumés indianophiles font personnellement l’expérience de l’univers indien. Bien loin de se réduire à une alternative étroite entre « authentique » et « imitation », l’étude de l’indianophilie permet d’éclaircir la question des usages sociaux d’objets porteurs d’identité, et les phénomènes de décontextualisation et de recontextualisation sur lesquels ils reposent.
Abstract
Very often, material culture is the means by which the other’s culture is understood and easily appropriated and reinvented. The Indianophile phenomenon provides a perfect illustration of the emblematic value of objects from an “exotic” culture, and offers at the same time a unique opportunity for the study of the complex processes involved in any attempt to define and recreate a material culture. Indianophiles, passionate about North American Indian cultures, use their vast knowledge and specialized skills to recreate an “Indian universe” that is not only a mere representation, but a lived experience. The “Indian objects” they make and use are not collections bound to stay on a shelf. They are integrated into complex networks (both commercial and non commercial), and provide the basis for actualization, practises by which Indianophiles personally experience an Indian universe. Far from a narrow dichotomy between “authentic” and “forgery”, the study of “Indianophily” sheds light on the social uses of identity-bearing objects, and the contextshifting phenomena on which these uses rely.
Download the article in PDF to read it.
Download