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L’Atlas Group Project de Walid Raad (1989–2004) élabore une contre-histoire des guerres civiles libanaises à partir de la création d’archives picturales qui interrogent les discours existants et perturbent les normes historiques établies. Raad a oeuvré pendant plus de dix ans sur ce projet, créant un corpus aux multiples facettes qui illustre les façons dont les récits historiques sont assemblés, autorisés et validés. Il dévoile la logique interne de l’archive et met en doute la préséance associée à certains types de discours d’autorité, en particulier la valeur témoin accordée à la photographie. Il souligne la faculté de persuasion de ce discours documentaire et le peu de résistance avec lequel il est accepté. De plus, Raad emploie l’humour et la fiction, examinant leur capacité à communiquer des connaissances utiles et la comparant à celle des faits historiques traditionnellement acceptés. Cette analyse du projet de Raad porte sur ce qui constitue la validité d’une archive, les protocoles auxquels l’archive est soumise, et, en particulier, le rôle de l’historien / archiviste dans le maintien de ces protocoles. En fin de compte, il s’agit de savoir si une contre-histoire est possible. La question devient alors : est-ce que la façon innovatrice dont Raad utilise les protocoles d’archives permet un nouveau type de récit historique, ou est-ce que les protocoles se réinscrivent subtilement dans son travail afin de le normaliser ?