Abstracts
Résumé
En 1856, dans son compte-rendu des trois premiers tomes des Peintres modernes, Elizabeth Eastlake critique l’insistance avec laquelle John Ruskin affirme le primat des idées en art tout en n’attribuant au langage du peintre qu’une fonction instrumentale. Aux « idées de vérité », inhérentes à la nature, aux « idées de beauté », non sélectives, et aux « idées de relation », dont il se sert pour censurer certaines oeuvres de Raphaël, elle oppose les qualités propres à la peinture, celles que la peinture met en oeuvre en utilisant les ressources de son propre langage, à savoir la couleur, la forme, l’ombre et la lumière, ainsi que l’expression. Puis, dépassant le cadre de cette opposition, elle va jusqu’à soutenir que « les meilleures idées » font partie du langage du peintre. Sans se référer à la théorie du disegno, elle semble néanmoins invoquer l’indissociabilité du concept et de la pratique caractéristique de cette tradition. La proximité de la thèse d’Eastlake avec l’esthétisme en germe dans les Feuilles d’automne (1856) et Le Vallon du repos (1858) de John Everett Millais, autant que les affinités qu’elle suggère entre la musique et l’art visuel indiquent un changement de paradigme qui annonce les thèmes majeurs du Mouvement esthétique de la fin du XIXe siècle.
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