Abstracts
Résumé
Sous l’impulsion du Canadien R. Murray Schafer et du World Soundscape Project basé à Vancouver, l’éclosion de la composition de paysage sonore au début des années 1970 a clairement annoncé qu’un vent nouveau soufflait sur les différentes façons d’utiliser le son enregistré. Les premiers compositeurs qui se servaient de sons bruts pour leurs créations l’avaient fait en se donnant pour la plupart beaucoup de peine pour camoufler leurs sources. La création de paysage sonore mettait quant à elle l’accent sur la qualité représentative du son enregistré et ses praticiens sont partis du principe que leurs enregistrements établissaient des liens essentiels, indiciels, avec les lieux qu’ils captaient et s’appropriaient. Si la forme qu’ils empruntent est clairement d’ordre esthétique, elle est aussi l’héritière d’une longue tradition dans laquelle les techniques de représentation organisent le monde par le biais de la juxtaposition et de la comparaison. Les paysagistes sonores ont systématiquement archivé les sons prélevés dans des lieux déterminés en les présentant dans leurs travaux comme des quantités distinctes et comparables. De même, la « vue », apparue aux débuts de la photographie, s’est réclamée d’un régime de représentation tourné vers la science qui tentait de classifier le monde tout en l’esthétisant. C’est précisément ce double appel à la puissance esthétique et à la rationalité scientifique qui a permis à la composition de paysage sonore de s’affirmer à la fois comme forme de production artistique et comme instrument d’éducation et d’activisme environnemental.
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