Abstracts
Résumé
L’analyse porte sur Persée libérant Andromède, relief en bronze qui fait partie intégrante de l’ensemble sculpté entre 1545 et 1554 par Benvenuto Cellini pour la Loggia dei Lanzi de Florence. Ce relief, rajouté à la fin du projet, offre la clef de la signification théorique et polémique du colossal Persée monté sur son piédestal orné de figures. En bas du monument, encadrée de marbre comme un tableau, la Libération d’Andromède fait ainsi entrer le spectateur avisé dans la querelle de l’époque sur la valeur respective des arts, le fameux débat du paragone, mais elle ne se borne pas à une simple évocation de ce débat, et elle n’affïrme pas seulement l’infériorité de la peinture par rapport à la sculpture. Le nu mystérieux et sans profondeur du centre du relief fonctionne en tant qu’agent provocateur pour lancer une comparaison entre la sculpture en relief, qui ressemble à du dessin, et une autre sculpture plus en profondeur comme celle d’Andromède à ses côtés. Cette comparaison peu flatteuse pour les arts bidimensionnels concerne aussi l’architecture, comprise par Cellini comme un art de la surface apparenté au dessin et à la perspective. Pour l’orfèvre-sculpteur qu’est Cellini, la preuve à la fois de la bonne peinture et de la bonne sculpture réside dans leur capacité à libérer la beauté plastique et humaine des contraintes de la surface. Enchaînée au mur littéralement et figurativement, son Andromède en relief illustre certes le plus haut degré de la peinture, mais en même temps l’impuissance et les limites de cet art féminin. Si l’autobiographie et les écrits théoriques de Cellini donnent bien à la sculpture en ronde bosse la première place parmi les arts, encore fallait-il prouver sans recours aux mots, donc à un autre art, cette supériorité : c’est ce que fait voir, et de façon systématique, le monument du Persée, à condition d’en considérer l’ensemble.
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