Abstracts
Résumé
Selon Gregory Ulmer et Shoshana Felman, le monde contemporain serait caractérisé par la multiplication des désastres à grande échelle et des traumatismes vécus de façon collective (l’Holocauste, le 9 Septembre, la pandémique du SIDA, la présente guerre en Iraq, etc.). Le traumatisme serait désormais l’expérience collective la plus communicable entre diverses générations et au-delà des frontières géopolitiques. Faisant écho à ces propos, un nombre important d’oeuvres d’art conçues spécifiquement pour l’Internet mettent en lumière les phénomène associés à la commémoration des tragédies planétaires et des traumatismes collectifs, considérés comme fondamentaux dans la formation des identités et des communautés contemporaines. Ces oeuvres, qui adaptent la forme du monument, de l’oeuvre commémorative ou du témoignage ne font cependant pas la chronique du désastre. Elles assujettissent plutôt les caractéristiques formelles, techniques et rhétoriques propres à l’art numérique à un projet précis, celui de démontrer l’importance globale de la situation de crise, ainsi que la nature dialectique du traumatisme collectif et du tissu associatif au sein duquel se forme la mémoire. Cet article propose que l’Internet fournit un site idéal pour la création d’un art commémoratif qui s’adresse à des publics délocalisés. Dans ce contexte, les propriétés temporelles et d’interactivité qui sont caractéristiques de l’art numérique invoquent le processus de la mémoire et affranchissent l’activité commémorative du lieu physique et des contraintes géopolitiques qui le sous-tendent.