Abstracts
Résumé
Cet article examine les liens fondamentaux que l’histoire de l’art entretient avec la modernité dont la discipline a participé à l’élaboration et contribue encore aujourd’hui au maintien. La réalité virtuelle mise en place par la modernité consiste en une immense reconfiguration du temps et de la mémoire adoptant la perspective, et devant servir les intérêts, des états-nations de l’Europe. L’idée de l’art et le besoin d’en retracer l’histoire sont apparus ensemble; ils ont eu comme fonction de baliser, par objets interposés, la trajectoire et l’accomplissement de sujets humains (entendre européens, blancs et mâles). Le dispositif des grandes expositions universelles, mises en scènes spectaculaires de l’appropriation impérialiste des cultures de tous les peuples du globe, n’est pas étranger aux procédés de l’histoire de l’art. Celle-ci doit au développement de la photographie d’avoir aménagé son propre site virtuel d’exposition, gigantesque musée imaginaire (dont les musées existants réalisent en partie le projet) qu’elle réorganise à l’infini sans que soient vraiment remis en cause la visée et la fonction du système. L’histoire de l’art demeure liée à un modernisme raciste et phallocentrique, et ceci malgré les revendications de tous les postmodernismes critiques.
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