Abstracts
Résumé
Cet article examine deux regroupements d’objets et quelques sites architecturaux du quatorzième siècle, conçus et produits par deux groupes culturels distincts : les Vénitiens et les Mameluks, pour lesquels conquêtes, croisades et idéologies de la Guerre Sainte faisaient partie intégrante de la vie. Il attire l’attention non seulement sur les liens unissant les communautés du Bassin méditerranéen à la fin du Moyen Âge, mais aussi sur la nature dissemblable de ces communautés. Cette analyse se propose aussi de montrer la richesse des échanges interdisciplinaires. En comparant deux manuscrits, l’un vénitien sur les croisades et l’autre, un furusiyya, c’est-à-dire un traité d’équitation produit par les Mameluks, nous explorons la manière selon laquelle chacun d’eux rend compte implicitement ou explicitement des contacts entre les deux cultures. Dans un second temps, en juxtaposant deux épisodes concernant la façon dont le vainqueur (chrétien ou musulman) expose des « trophées de guerre » dans des lieux importants de Venise et du Caire, nous montrons comment ces sculptures rappellent des associations culturelles et géographiques, réelles et imaginaires, et comment ces dernières sont beaucoup plus complexes que ce qu’on avait admis jusqu’ici.