Abstracts
Résumé
Dans La Communauté des Citoyens, la sociologue Dominique Schnapper définit la nation comme une communauté abstraite de citoyens dont l’unité est garantie par un corps politique qui arrache l’individu de ses appartenances religieuses, dynastiques et ethniques pour « unifier les hommes ». En tant que principal processus de collectivisation de l’ère moderne, la nation performe la transcendance du local en supprimant graduellement les différences à l’intérieur pour accentuer les différences par rapport à l’extérieur, favorisant ainsi un processus d’homogénéisation. Les principales questions qui sous-tendent le présent article sont les suivantes : l’art actuel est-il critique de la nation? Dans l’affirmative, quelles sont les stratégies esthétiques mises en oeuvre dans l’élaboration d’une telle critique? En quoi le processus national d’homogénéisation fait-il place à d’autres modes d’appartenances? L’essai se penche sur trois oeuvres vidéo canadiennes réalisées pendant les années 1990, Yes Sir, Madame... de Robert Morin, Conditional Love d’Ardele Lister et Vexation Island de Rodney Graham, dans le but d’examiner leur représentation de l’appartenance « canadienne » à travers le questionnement de la nation. Ces trois oeuvres médiatiques articulent une esthétique de négociation qui met en place un mode d’appartenance nationale intermédiaire qui remet en cause la conception d’un « Canada unifié ».