Abstracts
Résumé
On a souvent interprété l’art rococo de Paris à travers les paramètres d’un discours issu des Lumières que condamnait son ornementation indisciplinée et son manque de virilité, tout en mettant en relation cette décadence avec le corps privé et efféminé qu’un tel dessein semblait contenir et montrer publiquement, de manière inappropriée. Ainsi, du siècle des Lumières jusqu’à la période moderne, il y a eu confusion entre ornement, féminité et sphère publique menacée. Cependant, ce sont précisément ces catégories d’ornement, de corps privé/public, et de sphère privée/publique qui ont produit les tensions dans certains traités sur l’architecture du début du dix-huitième siècle. On peut retrouver les traces d’une configuration balbutiante et encore conflictuelle de la différence sexuelle avec l’ornement sur lequel les Lumières et les architectes modernes s’appuyeront, et cela, autant dans les espaces décorés de façon très élaborée comme le Salon oval de la Princesse à l’Hôtel de Soubise, exécuté par Germain Boffrand en 1732, que dans les traités du dix-huitième siècle qui amplifiaient la signification du salon. Le Salon de la Princesse est l’expression du « passage » entre la chambre de parade et les appartements privés, entre sa fonction publique de cérémonie et de réception et l’affirmation du lieu privé de la famille. Tiré du mythe de Cupidon et Psyché, les scènes décoratives s’attardent sur des images qui évoquent le corps révélé par la luxure et les sensations, tel qu’on peut imaginer la Princesse et ses invitées, toutes vêtues de soie, révélant leur beauté corporelle par un décolleté, un visage poudré, un geste. Ce Salon, de par son emplacement et sa décoration, affirme le rôle et le rang social de la Princesse et oppose le caractère masculin du Salon du Prince, ainsi que l’extérieur de la bâtisse. La théorie du caractère élaborée par Boffrand, puis Blondel, au milieu du siècle influençat l’architecture, mais réciproquement, le dessein rococo répondait aux changements sociaux basés sur la masculinité et la féminité.
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