Abstracts
Résumé
En 1797, Girodet-Trioson peignait le portrait de Jean-Baptiste Belley, un Noir qui fut député de Saint-Domingue, de 1794 à 1797, à la Convention nationale. La critique de l’époque et la critique ultérieure ont interprété le tableau comme une célébration de l’abolition de l’esclavage en France (1794) et comme un symbole des idéaux de liberté et d’égalité de la Révolution française. Pourtant, ce portrait illustre un paradoxe fondamental de la Révolution : comment réconcilier la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen avec l’engagement ferme du Gouvernement révolutionnaire de maintenir l’empire colonial? Le pouvoir considérable dont jouissaient les leaders noirs à Saint-Domingue après l’abolition de l’esclavage et l’incertitude croissante face à la domination française de la colonie inquiétaient Paris. Et Girodet, en créant l’image d’un nouveau citoyen noir et français, se devait de composer à la fois avec l’esprit conservateur et anti-jacobin du Directoire et avec la menace que représentaient les leaders noirs de Saint-Domingue. Dans le portrait, Belley se retrouve inclus dans l’élite révolutionnaire française comme député de la colonie, mais en même temps sa différence et sa marginalité s’incarnent dans la représentation elle-même. Le peintre, en manipulant subtilement le langage pictural, la rhétorique et les mythes utilisés à l’époque, représente et définit une hiérarchie raciale qui pouvait justifier le colonialisme, l’assujettissement et l’exploitation des Noirs.
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