Abstracts
Résumé
Pour les intellectuels et les artistes français de la fin des années trente, qui rejetaient simultanément la participation à l’establishment politique et la résignation démissionnaire, il ne restait souvent qu’une sorte de révolte de l’inespoir dont la conduite de Bataille et sa politique de l’impossible offraient le principal modèle de référence. Quant à Wols, cet Allemand devenu apatride qui gravitait autour de ce milieu parisien engagé, il expérimenta dans la montée généralisée de la droite et dans la déclaration de la guerre bien davantage qu’une forme d’aliénation morale : il fut incarcéré pendant plus d’un an dès le début du conflit.
C’est dans ce contexte qu’il faut replacer la production de dessins, la rédaction d’aphorismes et la préparation d’un vaste projet multi-média, itinérant et populaire, le Circus Wols, qui permirent à l’artiste d’exorciser une période apparaissant à plusieurs comme une véritable fin de l’histoire. Voués à l’informalité et à l’insignifiance radicale du gribouillis, les dessins où la figure humaine effectue un repli vers l’animalité et la vie cellulaire, se présentent comme une stratégie d’ultime résistance face à la désintégration. Il en va de même de l’élaboration du cirque, un lieu symbolique dont la visée principale serait de rendre l’homme heureux.