Abstracts
Résumé
L’image mythologique présentée dans l’art surréaliste a fait l’objet de nombreuses publications. L’une d’elles, Myth in Surrealist Painting, 1929-1939, de Whitney Chadwick, consacre toutefois autant de temps à l’analyse de mythes inventés de toutes pièces qu’au récit « sacré » tributaire de la tradition. Les sources mythiques véritables d’André Masson s’en trouvent pour autant occultées. Cet article s’emploie à récupérer une partie des significations originelles conçues par Masson, en prêtant une attention particulière à un certain type d’image féminine : la figure nue acéphale, couchée et exhibant ses organes génitaux. Cette image plonge ses racines dans le milieu intellectuel extrêmement évolué de Masson, qu’on se réfère à des notions telles que le Mutterrecht de Bachofen, aux études de l’ami de Masson, Georges Bataille, ou encore aux ouvrages de Frazer et Freud. Le projet de Masson était de réinventer les mythes de la femme qui préside tout à la fois à la naissance et à la voie de ce qu’on pourrait appeler une théologie féministe. Mais ces images comportent aussi sa face cachée car Masson a puisé une partie de son inspiration dans des mythes soumis à l’interprétation de la psychanalyse freudienne qui implique en général une certaine dévalorisation du principe féminin. Il subsiste donc dans son oeuvre une trace de l’ambivalence qu’il n’a pas manqué de ressentir dans sa démarche vers une « psychologie matriarcale » au sein d’un système profondément patriarcal.
Download the article in PDF to read it.
Download