Abstracts
Résumé
L’angoisse dont a souffert Edvard Munch (1863-1944), due à un trouble psychologique connu sous le nom d’agoraphobie, a exercé une influence déterminante sur le développement thématique et stylistique de son art, bien au-delà de tout autre facteur personnel ou historique. L’agoraphobie signifie aujourd’hui la crainte qu’éprouvent certaines personnes quand elles traversent une rue ou une place. Elle se caractérise par des crises de panique accompagnées de symptômes physiques et/ou psychologiques tels que tremblements, sudation, vertiges, perte de la personnalité. Munch était en proie à de multiples craintes, dont celles des étrangers, de la mort, de la folie, des femmes et des espaces vides. Pour décrire avec précision ses sensations de panique, il lui est arrivé de faire clairement allusion à des images de ses propres peintures, tel Le Cri de 1893. Sa maladie se trouvait aggravée par une consommation excessive d’alcool qui lui servait à se soulager de son anxiété. C’est à sa maladie que Munch attribuait son talent créateur, son oeuvre se voulant l’illustration de son propre monde intérieur. Les tableaux composant sa Frise de la vie (1892-1902) n’étaient autres à ses yeux qu’une série d’ébauches, une matière à l’état brut, qu’il avait exécutées dans un style fruste et délirant. Sa thématique reflète sa vision déformée de son environnement : décors asphyxiants et menaçants, peuplés de personnages amorphes au regard ébahi. À noter qu’à la suite de sa cure psychiatrique de 1909, ses tableaux ont perdu, à quelques exceptions près, une grande part de leur pouvoir évocateur et de leur paroxysme. Prendre connaissance de la maladie de Munch dépasse l’intérêt strictement anecdotique et ne diminue en rien la qualité extraordinairement personnelle de son art. Bien au contraire, cela nous permet une appréciation plus sensible des thèmes et du style qui caractérisent son génie.
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