Abstracts
Résumé
La Vision après le sermon : lutte de Jacob avec l’Ange est une oeuvre charnière dans l’oeuvre de Paul Gauguin. Dans ce chef-d’oeuvre de septembre 1888, l’artiste adopte un langage anti-naturaliste et produit un manifeste du symbolisme en peinture. Des études récentes ont à nouveau soulevé le problème du rôle de Gauguin dans la genèse du symbolisme en peinture et en particulier de ses rapports avec Émile Bernard et le Cloisonnisme. La Vision témoigne d’une connaissance des expériences cloisonnistes de Bernard et de Louis Anquetin. Gauguin était déjà familier avec ces expériences dès l’hiver de 1887-1888. Dans les cinq ou six mois qui précèdent l’arrivée de Bernard à Pont-Aven (mi-août 1888), Gauguin chercha à synthétiser les leçons de Degas, Puvis de Chavannes, Millet. Cézanne et des gravures japonaises, pour créer des images poétiques de la vie rustique des paysans bretons. Déjà au début de juillet, son art évoluait, systématiquement dans le sens de la Vision. Mais Gauguin avait besoin d’une perspective nouvelle de son sujet et d’audace pour être aussi radical que l’étaient scs sources, les gravures japonaises. Dans la Vision après le Sermon, il franchit cette étape, sans doute sous l’influence directe d’Émile Bernard. Néanmoins, le Cloisonnisme comme tel s’est, avéré de courte durée, dégénérant vite en un maniérisme décoratif. Dans sa grande oeuvre symboliste, Vendanges à Arles : misères humaines, Gauguin a cherché à employer un langage fait de signes conventionnels pour rendre son sujet. Comme van Gogh, il croyait que les harmonies de couleurs pouvaient constituer un langage pour exprimer des émotions. Son approche symboliste a atteint son sommet dans Le Christ jaune et Le Calvaire breton. Cette étude définit en conclusion, en les distinguant clairement, le Cloisonnisme, le Synthétisme et le Symbolisme.