Recensions

Pronovost, J., Caouette, M. et Bluteau, J. (2013). L’observation psychoéducative - concepts et méthode. Boucherville, QC : Béliveau Éditeur[Record]

  • Pierre Keable and
  • Daniel Paquette

L’observation participante étant une des pierres d’assise de la pratique professionnelle des psychoéducateur(trice)s, il est toujours surprenant de constater le peu d’écrits sur le sujet au cours des quarante dernières années (Paquette & Atlan, 2012). Le livre de Pronovost, Caouette et Bluteau est fort important puisqu’il stimulera sans aucun doute la réflexion et donc l’avancement des connaissances et des pratiques non seulement des psychoéducateur(trice)s, qui apparaissent la première clientèle visée par l’ouvrage, mais de tous les intervenants qui interviennent dans le champ de pratique de la réadaptation. La structure du livre et de chacun de ses chapitres amène le lecteur dans une logique partant du plus générique vers le plus spécifique. Chaque chapitre est autoporteur; une notion est introduite et définie, souvent selon différents points de vue théoriques, la notion est traitée et les références bibliographiques sont présentées. Cette façon de procéder en fait un outil pédagogique intéressant. Le premier chapitre, celui de Bluteau sur l’observation, propose une caractérisation de l’observation dans le champ des sciences humaines et sociales : elle sera directe, participante, indirecte ou systématique. Dans les deux premières catégories, l’observateur serait acteur d’une interaction sociale, alors que les deux dernières réfèreraient à des observations réalisées à l’aide d’une instrumentation. Nous ne partageons pas cette idée que l’observation directe implique nécessairement une interaction sociale. Pour nous, l’observation est d’abord directe ou indirecte, c’est-à-dire que l’information nous est acquise par nos propres sens ou bien nous est rapportée par quelqu’un d’autre ou par la voie d’un questionnaire ou d’un test. Dans la pratique, l’observation indirecte est souvent présentée comme celle rapportée de vive voix ou par écrit par un tiers, un intervenant ou une personne significative pour le client. Il en n’est nullement fait mention dans le chapitre, ce qui est dommage parce que l’intervenant a souvent à composer avec des situations vécues à l’extérieur de son champ de perception et ces observations indirectes viendront influer sur son évaluation des situations. D’autre part, l’observation peut être libre ou systématique. Enfin, l’observation est participante lorsque l’observateur s’intègre à l’activité de l’individu ou du groupe et y participe (vécu partagé), et non participante lorsque l’observateur est en retrait, soit visible et à distance, soit caché (par exemple derrière un miroir sans tain). L’observation participante est nécessairement libre, alors que l’observation non participante peut être libre ou systématique, dépendamment des objectifs visés. Il va sans dire qu’un observateur visible influe sur le comportement de l’observé. Ce chapitre aurait aussi pu mentionner que l’observation réfère à au moins trois réalités du quotidien en psychoéducation. Elle est d’abord une étape dans les opérations de l’intervention psychoéducative. Elle est aussi une compétence professionnelle à développer. Et enfin, elle est une description opérationnelle précise de ce qu’une personne dit ou fait dans un contexte donné. L’auteur de ce chapitre omet aussi de parler d’une avancée fort importante dans la science de l’observation et qui est essentielle pour un travail efficace de psychoéducateur(trice)s : la notion de « centration d’observation ». Une centration d’observation est l’observation d’un comportement précis d’une personne dans un contexte et un moment bien précis. Compte-tenu qu’on ne peut tout observer, la centration permet de cerner un champ d’investigation plus restreint mais pertinent à notre questionnement sur le prétendu comportement mésadapté, ce qui rend l’observation plus efficace et plus précise (Berthiaume, 2004). La première étape consiste à décrire le plus précisément possible ce qui se passe, c’est-à-dire la séquence des comportements de l’individu ciblé avec son environnement physique et social, avant de tenter une interprétation de ce qui est perçu. L’auteur du chapitre souligne toutefois l’importance de l’intersubjectivité, une façon d’objectiver davantage nos …

Appendices