FR:
Depuis quelques années, deux tendances se dégagent du dialogue, imparfait et partiel, de la science politique avec les épistémologies féministes. D’une part, on trouve des travaux qui privilégient une approche institutionnelle et examinent alors la participation politique des femmes à partir de leur position dans les institutions et des activités qu’elles y mènent ; d’autre part, certaines chercheuses développent une analyse de l’activisme féminin plus large, qui déborde le cadre des institutions et explore les marges. Cette approche est la plus heuristique, lorsque l’on souhaite saisir le périmètre des interactions entre le genre et le politique dans les sociétés africaines, depuis l’avènement des institutions issues de la modernité coloniale. C’est sous cet angle que le présent article analyse le terrain africain, à partir du cas camerounais. Il s’agit de rendre compte des contours de la participation politique des femmes, en déportant le regard des institutions vers les mobilisations. Cette démarche qui met au jour les différentes modalités de l’agir politique des femmes, en montrant comment elles débordent le cadre de la subalternité, en déployant une agentivité plurielle et hybride, aboutit à une relecture critique des catégories telles que la citoyenneté et la participation politique.
EN:
In recent years, two patterns have been developed in the imperfect and partial dialogue between political science and feminist epistemologies. Firstly, some research focus on an institutional approach, by considering women’s political participation based on their position in institutions and the activities they are engaged in; secondly, some scholars are developing a more comprehensive analysis of women’s activism that goes beyond institutions and explores the margins. This perspective is the most heuristic approach when trying to grasp the perimeter of gender-political interactions in African societies since the advent of the institutions that emerged from colonial modernity. This paper analyses the African field from this perspective, using the Cameroonian case as a starting point. It aims to describe the framework of women’s political participation by shifting the focus from institutions to mobilizations. This approach, which highlights the various forms of women’s political action, shows how they go beyond the framework of subordination, and leads to a critical reassessment of categories such as citizenship and political participation.