Recensions

The Motivation to Vote. Explaining Electoral Participation d’André Blais et Jean-François Daoust, Vancouver, University of British Columbia Press, 2020, 148 p.[Record]

  • Learry Gagné

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Qui de mieux pour traiter de l’éternelle question de la participation citoyenne aux élections que le professeur André Blais (Université de Montréal), expert mondial de longue date en la matière ? Lui et son collègue chercheur Jean-François Daoust nous présentent un court ouvrage à l’objectif clair et invitant : par l’analyse statistique, produire l’explication la plus parcimonieuse possible des taux de participation électorale. L’ouvrage débute par un chapitre méthodologique. L’hypothèse de départ des auteurs se veut simple : ce sont les motivations individuelles qui permettent le mieux d’expliquer la participation électorale. D’autres facteurs communs dans la littérature comme les ressources et le contexte peuvent jouer, mais ils sont de rang inférieur. Quatre motivations sont retenues : deux d’ordre général, l’intérêt pour la politique et le devoir de citoyen, et deux circonstancielles, l’intérêt pour l’élection en jeu (care) et la facilité à voter. De plus, les deux motivations générales sont présumées constantes durant la vie de l’électeur. Leur modèle complet de régression est composé de ces quatre variables, plus deux démographiques (âge et éducation), et chacune des élections comme effet fixe. Ce modèle est mis à l’épreuve sur un ensemble d’électeurs potentiels à 24 élections au Canada et en Europe, entre 2011 et 2015. Les chapitres 2 à 6 analysent les facteurs un à un. Le second passe rapidement sur l’âge et l’éducation, pour en démontrer l’importance d’un point de vue quantitatif. Vient ensuite un chapitre par motivation. La motivation « intérêt » (chap. 3) est définie comme un intérêt général envers la politique sur une échelle de 0 à 10 (p. 34). Le devoir (chap. 4) est mesuré en demandant au sondé s’il se sentirait coupable de ne pas aller voter, sur une échelle de 1 à 4 (p. 48-49). Cette motivation diffère de l’intérêt par son aspect moral, elle en appelle à la conscience de l’agent. Le care (chap. 5) est plus précisément formulé comme un intérêt pour le résultat électoral en jeu, de 0 à 10. La facilité à voter (chap. 6) est elle aussi subjective. Au lieu d’une mesure objective des obstacles au vote, ils demandent aux sondés de noter de 1 à 4 leur propre aisance à voter. À ce point, les résultats préliminaires par régressions partielles montrent que les quatre motivations sont significatives. On remarque une corrélation positive entre intérêt et devoir, et une négative entre devoir et care, car un agent qui vote par devoir ne devrait pas être influencé dans sa décision par les enjeux électoraux (p. 59). Le facteur facilité est moins influent que les trois autres, mais les auteurs notent que la grande majorité des répondants (78 %) ayant répondu « facile » ou « très facile » (p. 67), la variable est délicate à interpréter. Les chapitres 7 et 8 cherchent respectivement à évaluer la force de l’habitude et du contexte. Expliquer la participation électorale par un geste habituel est presque un lieu commun. Les auteurs insistent sur l’automaticité du vote habituel, autrement dit une insensibilité au contexte (p. 73). S’appuyant sur une revue exhaustive de la littérature quantitative, ils concluent que les effets de l’habitude stricto sensu sont difficiles à démontrer et que, de toute façon, si l’intérêt et le devoir sont conçus comme persistants, ceux-ci deviennent fonctionnellement équivalents tout en étant plus faciles à mesurer puisqu’ils résultent d’une autoévaluation subjective (p. 91). L’ensemble de données à la disposition des auteurs ne permettant pas l’analyse temporelle de long terme, ils recourent à l’âge comme substitut, suivant l’hypothèse que les personnes sont plus susceptibles en vieillissant de développer une habitude à voter. La relation est rejetée, mais …