FR:
Relativement nouvelle dans le paysage sociopolitique québécois, la notion d’acceptabilité sociale en est venue à être considérée comme un impératif à la réalisation des grands projets d’infrastructure, les promoteurs devant ainsi démontrer que les populations concernées donnent leur assentiment à leur entreprise. Les élus municipaux – et les maires en particulier – sont directement concernés par ces dynamiques, lesquelles ne sont pas exemptes de tensions. D’un côté, les acteurs privés souhaitent que les maires les soutiennent dans leur démarche et usent de leur leadership politique pour faire la promotion active des projets soumis à l’acceptabilité sociale. D’un autre côté, les citoyens considèrent que leur maire se doit de demeurer neutre afin de soupeser, en toute objectivité, les pour et les contre d’un projet donné au regard de l’intérêt public de leur communauté, prise au sens large. Au final, les maires semblent assez mal outillés pour considérer les projets et leurs parties prenantes dans leur globalité et pour piloter ces processus de manière totalement objective, alors que d’importantes compensations financières sont souvent promises aux municipalités d’accueil des projets. À partir d’un cadrage théorique orienté autour de la notion plurielle de légitimité, nous étudions ces dynamiques à travers le cas récent du développement d’un parc éolien à Saint-Valentin, en Montérégie (Québec), que nous comparons au projet d’agrandissement du site d’enfouissement sanitaire de Saint-Thomas, dans Lanaudière (Québec). Sous l’éclairage de ces cas, nous avançons que des dispositifs participatifs devraient être mis à la disposition des élus municipaux afin qu’ils puissent développer une vision partagée du développement de leur territoire au sein de laquelle pourront s’inscrire les projets, cette vision devant reposer sur une prise en compte du point de vue de l’ensemble des parties prenantes préoccupées par un territoire donné.
EN:
Relatively new in the Quebec sociopolitical landscape, the notion of social acceptance is being gradually considered as a prerequisite for successful major infrastructure projects. Developers must demonstrate that impacted populations agree with their endeavour. Municipal elected representatives—and mayors in particular—are directly concerned by these dynamics, which are not without contradicting tensions. On the one hand, developers pressure the mayor to support their project and use their political leadership to actively promote it. On the other hand, citizens expect their mayor to remain neutral and favour the common good. All in all, mayors seem ill-equipped to consider projects and their stakeholders from a public good perspective, and to manage these processes with complete objectivity, especially when important financial compensations are involved. Based on the plural notion of legitimacy, we study these dynamics through the case of the development of a windmill farm in Saint-Valentin (Montérégie, Québec), which we compare to a project aimed at enlarging a landfill facility in Saint-Thomas (Lanaudière, Québec). In light of those two cases, we put forward that participatory mechanisms should be handed over to municipal elected representatives in order to develop a shared vision for planning their territory, within which future projects could be presented and discussed. We add that this vision should rely on the consideration of all the stakeholders’ points of view on a given territory.