FR:
Cet article s’intéresse à la relation entre la présence de mécanismes formels de participation citoyenne et la nature des relations État-société dans le contexte du processus de démocratisation mexicain, par le biais de l’étude des comités de participation citoyenne (COPACI) mise en place en 1996 par le Parti de la révolution démocratique (PRD) à Nezahualcóyotl, dans l’État du Mexique. S’inscrivant au coeur des débats théoriques actuels sur la démocratie participative et associative, il démontre que postuler de l’existence d’un lien direct et de facto entre innovation institutionnelle participative et démocratisation s’avère, dans les faits, problématique. Bien que l’existence de mécanismes institutionnels favorisant la participation citoyenne soit une condition nécessaire à la revitalisation de la société civile et de ses relations avec le pouvoir politique au niveau local, elle n’est pas suffisante pour la garantir en pratique, comme le suggère le cas de Nezahualcóyotl. L’analyse qualitative des dynamiques de mobilisation et de la nature de la participation citoyenne au sein des COPACI fait ressortir que, contrairement à l’idée véhiculée dans les discours officiels du PRD, l’impact de leur institution par le PRD sur les relations État-société et, plus largement, sur la qualité de la gouvernance démocratique municipale, n’a pas été à la hauteur des attentes. Alors que les COPACI devaient, en théorie, devenir des véhicules de démocratisation en permettant le développement d’une participation autonome des acteurs collectifs à la gouvernance municipale, l’expérience démontre qu’ils ont plutôt été utilisés par les leaders des différents partis et leurs alliés de manière informelle comme un outil de contrôle social, contribuant à alimenter et à réinventer les pratiques clientélistes et antidémocratiques héritées du régime du PRI et originellement dénoncées par le PRD.
EN:
Looking at the case of the Citizen participation committees (COPACI), implemented in 1996 by the Democratic Revolutionary Party (PRD) of Nezahualcóyotl (state of Mexico), this article investigates the relationship between the existence of formal citizen participation mechanisms and the nature of state-society relationships in the Mexican democratization context. It demonstrates s that, contrary to certain assumptions of the participatory democracy literature, the existence of a de facto and direct relationship between participatory institutional innovation and democratization is, in fact, problematic. As the case of Nezahualcóyotl shows, if the implementation of institutional mechanisms fostering citizen participation can be a condition underlying the revitalization of civil society and of its relationship with the local political power, it is not sufficient to sustain democratic practices. The qualitative analysis of mobilization patterns and of the nature of citizen participation within the COPACIs proves that, contrary to the PRD’s official view, their impact on state-society relationships, and more largely on the quality of the municipal governance process, is limited. In theory, the COPACIs were supposed to allow the development of collective actors participating in an autonomous way to the municipal governance process and, as such, become the vehicles for further democratization. Experience shows, however, that these committees have rather been informally used by the political parties and their allies as social control tools, contributing to foster and reinvent clientelistic and antidemocratic practices.